DAC
AMI (Audio Music Interface) est une jeune société japonaise ayant à son catalogue deux modèles de DAC et des câbles. Cet excellent démarrage s’avère prometteur, en regard de la qualité du convertisseur audionumérique DS5.
Le constructeur japonais est parvenu à loger une électronique, digne d’un modèle nettement plus onéreux, dans un petit boîtier métallique se distinguant par son épaisse façade et son couvercle en aluminium brossé. Quelques commandes simples et ergonomiques viennent agrémenter de DAC.
Trois entrées, deux sorties
Le DS5 propose trois entrées numériques : une USB et deux S/PDIF, se répartissant comme souvent en une coaxiale sur Cinch et une optique sur embase TosLink. On notera l’excellente qualité de la prise coaxiale, respectant l’impédance de 75 ohms du format S/PDIF. Les sorties analogiques stéréo se partagent entre une ligne classique, disponible sur une paire de Cinch dorées de bonne facture, et une sortie de casque, accessible via l’embase jack 6,35 mm, dorée également en façade. Sur la gauche, le bouton-poussoir du haut sélectionne une entrée parmi trois et illumine la LED concernée, et son homologue du dessous assigne les sorties audio soit vers les Cinch, soit vers le jack du casque, illuminant la LED correspondante. Rien de plus simple ! À côté des boutons-poussoirs, un encodeur rotatif agit sur le volume du casque (sur 56 pas d’ajustement), mais aussi sur celui de la sortie ligne stéréo, mais on peut la rendre fixe grâce à une combinaison de touches à presser à la mise sous tension de l’AMI DS5. Lorsqu’on joue sur le volume, les LED « tête d’épingle » blanches de l’affichage de la fréquence d’échantillonnage agissent comme un bargraphe, à raison d’une LED pour 7 dB environ. Une brève pression sur l’encodeur met le convertisseur sous tension. Pour l’éteindre, il suffit de le presser à nouveau. Comme le DS5 propose trois entrées, et qu’une seule parmi les trois (l’USB) pouvait éventuellement alimenter le DAC, il a fallu lui adjoindre un adaptateur secteur externe, délivrant une tension de +5 V sous 3 ampères.
Formats
Le constructeur a installé une électronique d’exception dans ce petit boîtier. Ainsi, le DS5 accepte toute fréquence d’échantillonnage de 44,1 kHz à 192 kHz en PCM, sous 32 bits, mais aussi en DSD 64 et DSD128. Ces deux formats de haute définition fonctionnent en natif via l’USB à partir d’un PC qui nécessite un pilote téléchargeable gratuitement depuis le site du constructeur. Les ordinateurs Apple ne nécessitent aucun apport logiciel, mais se « contenteront » du format DoP, procédé offrant l’accès au flux DSD en l’encapsulant dans un flux PCM. Peut-être qu’un pilote compatible Mac OS aurait permis à la plateforme à la Pomme d’accepter, elle aussi, le DSD en mode natif, mais ce n’est pas grave, puisque le DoP est détecté. L’AMI peut lire une source numérique à une fréquence d’échantillonnage autre : on peut lire un fichier audio AIFF au format CD (44,1 kHz sous 16 bits) en passant, en temps réel ou peu s’en faut, de 44,1 kHz à 192 kHz. Cela fonctionne très bien et apporte un plus audible sur plusieurs aspects de la musicalité de ce petit convertisseur étonnant.
Une conception haut de gamme
Un imposant circuit spécialisé transforme le +5 V de l’adaptateur externe en ±12 V pour alimenter les circuits audio, très soignés. Avant cela, AMI a choisi des processeurs à haute intégration ATMEL, notamment le SAM3 Cortex pour décoder le DSD et Xilinx, prenant en charge les flux numériques provenant de l’entrée USB. Un travail colossal a été accompli pour la synchronisation des signaux, via quatre bases de temps de haute précision. On remarque une cinquième horloge de référence à proximité du récepteur de signaux S/PDIF Wolfson WM8804S. La conversion fait appel à une excellente puce de chez Cirrus Logic, le CS4398. Suivent deux amplificateurs opérationnels réputés (un par canal), NE5534 pour le filtrage à faible pente des signaux, ce qui n’induit pas de rotation de phase. Un montage DC Servo élimine la composante continue sur les sorties audio sans placer de condensateurs en série sur le signal. Les étages de sortie utilisent un amplificateur opérationnel de haut de gamme Muse 8920, épaulé par quatre transistors par canal. Le signal traverse une résistance à film métal de haut de gamme par canal, fixant l’impédance de sortie à 200 ohms. L’excellent amplificateur de casque, indépendant, prend la forme d’un double amplificateur opérationnel spécialisé Texas Instruments TPA 6130A2 et deux transistors, un par voie. En résumé, il s’agit d’un convertisseur de haut de gamme présenté en petit format et proposé à petit prix.
Fabrication et écoute
Construction : Très compact, ce DAC arbore un boîtier métallique réussi, discret et fonctionnel. L’ergonomie se réduit à un minimum de commandes : le sélecteur d’entrée, celui de sortie, et un encodeur multifonctions. Contrairement à de nombreux concurrents, le S5 tire son énergie d’un adaptateur secteur externe.
Composants : Malgré sa petite taille, l’Ami Musik DS5 emploie des composants de haute qualité, tant dans le domaine numérique que dans celui de l’analogique, sélectionnés dans des marques réputées : Muse, Texas Instruments, Cirrus Logic, Wolfson et Atmel… Le constructeur a aussi soigné le choix de ses connecteurs. Grave : Le registre grave s’impose immédiatement à l’auditeur, en raison d’une excellente articulation et d’une profondeur tout bonnement étonnante. Les tests sur le stick Chapman de Pascal Gutman ne trompent pas, d’autant que c’est sur ces passages que certains DAC montrent leur faiblesse. Ici, il n’en est rien, le grave s’exprime avec définition et fermeté.
Médium : Cette bande de fréquences, de loin la plus importante, conjugue un sens du détail résolument analytique, dans une restitution très organique, pour ne pas dire analogique dans l’acception la plus naturelle et musicale du terme. Les nuances subtiles changent au gré des particularités des fichiers audionumériques lus.
Aigu : Le DS5 file très haut, et à plus forte raison lorsqu’on le fait travailler à la fréquence de 192 kHz sous 32 bits. La finesse et l’aération de ce registre sont autant d’atouts pour ce convertisseur audionumérique étonnant à plus d’un titre, notamment pour sa musicalité aussi attachante qu’élégante.
Dynamique : Sur cet aspect des tests d’écoute, le DS5 se montre très vivant, dans le respect du fichier audio, et prompt à respecter les écarts de niveaux du message musical sans montrer des limites que l’on aurait du mal à évaluer, puisqu’elles ne sont jamais atteintes. Les tests du « Soundcheck » d’Alan Parsons sont restitués avec une facilité déconcertante…
Attaque de note : L’Ami maintient l’enveloppe des sons convertis, quels que soient le niveau d’écoute et la dynamique du morceau. Il excelle sur la reproduction intégrale et authentique des percussions demandant beaucoup d’énergie, mais sans chute de niveau perceptible. Cette faculté rend aisée la différentiation des sources sonores, à l’image d’une caisse claire jouée en même temps qu’un accord de guitare acoustique Martin, instrument fétiche du bluesman Ted Hawkins : le DS5 fait abstraction de l’écart de niveau entre les deux instruments en conservant leur lisibilité.
Scène sonore : L’étagement des plans sonores reste inconditionnellement stable et cohérent, à commencer par les prises de son en stéréo de phase, d’une profondeur remarquable. On perçoit avec grande facilité les dimensions audibles des lieux d’enregistrement, grâce à la qualité de restitution générale, s’appuyant sur les réverbérations naturelles, mais aussi sur celles artificiellement recréées par les ingénieurs du son.
Transparence : Le haut pouvoir de retranscription de ce petit DAC s’illustre dans la pureté des timbres et de leurs compléments harmoniques originels. En effet, rien ne vient colorer la musique telle qu’elle figure dans les morceaux joués, ne serait-ce que par l’absence de condensateurs en série sur les sorties audio finales.
Qualité/prix : Proposé à un prix très compétitif, surtout en regard des performances, ce DAC étonne par sa conception, mettant en scène une électronique digne de modèles plus encombrants et beaucoup plus onéreux. Mais il surprend encore plus sur le plan musical. Le rapport qualité/prix en devient alléchant, puisque pour un investissement modique, ce DAC va au-delà de toute espérance.
Verdict
Ne nous fions pas aux apparences : sous des dehors de faible encombrement, cet AMI deviendra un complément indispensable à toute installation audio axée sur la musicalité. Sa conception très aboutie, employant nombre de composants de haute qualité, et son haut pouvoir d’analyse le font sonner comme un DAC valant au moins deux fois son prix. Ses trois entrées numériques dont une USB le rendent polyvalent : un véritable chaînon manquant entre la haute-fidélité et la musique dématérialisée.
Fiche technique
Origine : Japon
Prix : 639 euros
Dimensions : 150 x 40 x 140 mm Poids : N.C.
Entrées numériques : 1 USB type B, 1 S/PDIF coaxiale, 1 S/PDIF optique
Sorties stéréo analogiques : RCA, jack (casque)
Formats détectés : MP3, FLAC, WAV, AIFF (PCM), DSD64 et DSD128
Réponse en fréquence : 10 Hz à 48 kHz
Rapport signal sur bruit : supérieur à 120 dB
Distorsion harmonique totale ligne/casque : 0,0005 %/0,002 %
Impédance de charge casque : de 16 ohms à 300 ohms
Puissance sortie casque : 2 x 150 MW à 16 ohms
Accessoires : Adaptateur secteur 5 V/3 A, câble USB Clicktronic, pilote/PC à télécharger, notice.