AMPLI INTEGRE
L’époque est à l’intégration de l’amplification et de la conversion. Mise en œuvre simple, peu de câbles et prix bien plus serré que des éléments séparés.
Il manquait au catalogue du constructeur d’Illkirch ce type d’électronique. C’est chose faite avec ce nouvel intégré qui reprend l’architecture interne du 270 associée à un DAC maison doté d’une entrée USB.
Disponibles en versions Init et Elsberg dans la gamme Prestige, les électroniques 270 et 370 se voient désormais proposées avec le suffixe Init Inclusive, signifiant qu’elles embarquent dans leur châssis un convertisseur numérique vers analogique peaufiné par Denis Hausherr, créateur de la société et de la marque Icos. Elles deviennent ainsi les premiers intégrés Icos à répondre objectivement à une demande du public pour des appareils tout-en-un simples, musicaux et capables de dialoguer avec un ordinateur.Signal audio en directLe 270 Init Inclusive est installé dans un châssis à berceau et capot en tôles d’acier. Les parois collées sont en médium peint en noir mat et la face avant en aluminium extrudé anodisé noir. Celle-ci est équipée d’une fenêtre dotée de la molette de volume et de 7 poussoirs à impulsions dont l’un agit sur la mise en service des entrées analogiques ou des entrées numériques. Ces choix sont dupliqués par la télécommande fournie. La face arrière déploie la connectique qui se complète sur ce modèle Inclusive d’une section numérique. À noter la présence de RCA « Vidéo » dont une entrée fixe qui permet d’utiliser l’appareil en ampli de puissance (volume bypassé) et une sortie réglable qui permet de contrôler un amplificateur externe. Le 270 Init Inclusive reprend une topologie de schéma analogique Icos qui rend unique les circuits du fabricant. Il n’y a pas de condensateur sur le trajet du signal depuis l’entrée jusqu’à la sortie. Le préampli à composants discrets n’utilise que deux jonctions semi-conductrices et travaille en classe A. L’ampli qui travaille en classe AB comporte un total de quatre jonctions semi-conductrices. Les deux paires complémentaires de transistors bipolaires Darlington par canal sont montées sur une équerre très épaisse en aluminium. Fixée au châssis, elle forme avec celui-ci un efficace dissipateur thermique. L’alimentation fait également l’objet d’une attention particulière. Elle dispose d’un énorme transformateur torique de 500 VA suivi d’un redressement à double pont diodes ultrarapides à faible recouvrement et d’une banque conséquente de condensateurs de stockage. Le préamplificateur dispose d’une stabilisation individuelle supplémentaire et d’un filtrage par capacités à faible impédance. Les entrées haut niveau sont commutées par relais à contact or sur béryllium directement sur le potentiomètre motorisé de volume Alps. Le DAC est installé sur un circuit imprimé monté au dos de la connectique USB et optique. Ses étages numériques comme analogiques de sortie sont alimentés individuellement. Chaque fonction dispose de son circuit. Le signal sortant du récepteur USB est reformaté puis transite par un transformateur d’isolation. Le traitement de cette entrée a été optimisé pour la lecture de fichiers natifs 16 bits jusqu’à 48 kHz. Le récepteur de données PCM travaille de pair avec un rééchantillonneur asynchrone en 32/192 à partir d’une horloge à très faible jitter. Le DAC (chip PCM1795) travaille en 32/192. Ses sorties symétriques en courant sont converties en tension par des amplis vidéo ultrarapides avant d’attaquer l’étage de sortie à impédance très basse.
Fabrication et écoute
Nous avons procédé à des écoutes en alternant entre les entrées de type ligne analogique et les S/PDIF et USB numériques à partir de pistes disponibles en CD (sorties analogique et S/PDIF de notre lecteur) et en fichiers 16/44. L’appareil a été mis en température après une journée complète de fonctionnement.
Construction : On ne change pas une stratégie technique qui fonctionne. Le fabricant a repris la structure de châssis à matériaux multiples (acier, aluminium et bois) dont les densités différentes créant ainsi un piège pour les vibrations qui ne se propagent pas. L’implantation interne à composants discrets respecte la logique du trajet court et du câblage minimum.
Composants : Pas de révolution technologique mais un choix raisonné et maîtrisé de circuits analogique et numérique. Le convertisseur de cette évolution Inclusive adopte une philosophie identique à celle des célèbres Dactablette Icos complétée d’une entrée USB 16/48 de série. Composants discrets à tous les étages analogiques répartis le long d’un schéma à faible nombre de jonctions, gage de plus de fidélité et de plus de transparence. Le transformateur qui occupe le quart du volume interne est très largement dimensionné.
Grave : À l’évidence, le 270 Init Inclusive rappelle immanquablement notre 260 Init avec toutefois une dimension supérieure dans le traitement du registre. L’assise et la matière du grave sonnent d’une façon plus consistante, mêlant fermeté et souplesse à la fois. L’articulation des notes ne se brouille pas à bas niveau d’écoute. L’extension vers les soubassements s’effectue avec un contrôle efficace des haut-parleurs de nos Alycastre notamment à partir de l’entrée S/PDIF.
Médium : Le schéma d’amplification Icos marque beaucoup de points sur ce critère. L’écoute des trois entrées aboutit au constat simple que le 270 Init Inclusive distille des timbres très justes sans aucune sensation de projection ni de dureté. Nous avons été particulièrement séduits par l’entrée USB dont la proposition tonale même issue d’un fichier 16/44 véhicule une saveur analogique tout à fait inattendue.
Aigu : L’étendue dans les fréquences élevées de la bande passante de l’intégré laissait présager d’un aigu très filé et très détaillé. La restitution à partir d’une entrée analogique dépend essentiellement du signal entrant et l’excellente neutralité du Icos n’enlève rien au caractère de la source. L’entrée USB propose un aigu charnu et soyeux (cuivres ciselés et épais, piste « Gotcha » en fichier 16/44) là où l’entrée S/PDIF parcourue du même morceau issu de notre drive perd un peu de l’authenticité du message par une analyse harmonique très fouillée et ultra-aérée.
Dynamique : Après quelques minutes d’écoute, le sentiment est que cette électronique très vivace paraît subjectivement plus puissante que ce qu’indique la fiche technique. De plus, elle dévoile une très grande stabilité vis-à-vis des enceintes qui n’ont pas la nécessité absolue d’être hautement sensibles. Les impacts de la boule frappant la grosse caisse (piste « Animal », CD Sarbacane de Francis Cabrel) évacuent une dose d’énergie dont la générosité grimpe avec le traitement numérique effectué après l’entrée S/PDIF.
Attaque de notes : Nous évoquions plus haut le mélange de fermeté et de souplesse de l’appareil. Le 270 Inclusive séduit par ses facultés d’analyse qui mêlent définition et douceur. L’électronique est alerte et rapide sans chercher à en faire trop, évitant ainsi de tomber dans l’excès de sécheresse et de matité. La déclinaison harmonique s’attache à donner du corps et de la familiarité tonale aux notes.
Scène sonore : L’appareil dresse une scène sonore parfaitement crédible. Nous n’avons logiquement pas obtenu la même ampleur et la même perspective spatiale selon l’entrée utilisée. Le travail en dématérialisé via l’entrée S/PDIF affiche un côté spectaculaire par l’abondance de détails sonores qui parfont l’illusion d’y être. Plus expressive dans le ressenti, l’entrée USB joue la carte du charme et de la sincérité par sa restitution plus pulpeuse. Quel que soit le type de signal entrant, la netteté de la focalisation accentue l’effet de présence des interprètes plus proches de l’auditeur qu’à l’habitude.
Transparence : Icos fait partie des constructeurs d’électroniques dont nous apprécions la transparence, entendez par-là la neutralité, la vivacité et l’effacement devant la musique. Pas de signature propre, pas de redondance tonale d’une piste à l’autre mais bel et bien une lecture unique et distincte de chaque partition. Les entrées S/PDIF dévoilent incontestablement un plus grand nombre de microdétails alors que l’entrée USB paraît plus charnelle. En peinture, on pourrait évoquer l’hyperréalisme et l’impressionnisme.
Rapport qualité/prix : Nous avions effectué il y a quelques mois un comparatif d’intégrés autour de 5 000 euros, et ce que nous avons obtenu avec le 270 Init Inclusive nous fait regretter de ne pas avoir pu l’insérer dans ce groupe. Car l’Icos est techniquement et musicalement paré pour se comparer à plus puissant et à plus ambitieux que lui sur le papier. La fabrication qui emprunte aux habitudes du constructeur ne répond plus totalement aux canons esthétiques actuels. Cependant, la maîtrise technique des schémas, l’intégration d’un DAC et la qualité de l’écoute justifient le prix demandé.
Verdict
Nous avions raccordé le Icos 270 Init Inclusive la première fois, quand nous l’avons reçu, après une séance intensive d’écoutes en compagnie d’autres électroniques. Dès les premières mesures émises par l’Icos pourtant froid, ce fut la surprise, la bonne surprise d’une restitution pleine, bien timbrée et vivante. Cet intégré prouve qu’une ligne de conduite technologique parfaitement réfléchie et implémentée avec des composants certes triés mais disponibles sur catalogue permet de proposer des électroniques de la plus haute musicalité, à l’image de ce 270 Init Inclusive. Doté d’une connectivité s’ouvrant au virtuel, cet Icos nouveau est à consommer sans modération.
Fiche technique
Origine : France
Prix : 5 100 euros
Dimensions : 445 x 145 x 310 mm (hors tout)
Poids : 9 kg
Puissance nominale : 2 x 80 W (8 ohms)
Réponse en fréquence : DC – 100 kHz
Rapport signal sur bruit : > 100 dB pondéré
Distorsion : < 0,03 % (20 Hz à 20 kHz)
Entrées analogiques :
3 RCA niveau ligne (500 mV, 12 K),
1 RCA phono MM (5 mV, 47 K),
1 RCA « Vidéo » (fixe 1,5 V, 12 K)
Sorties analogiques :
1 RCA monitoring, 1 RCA « Vidéo » (après volume 300 mV, 12 K),
2 paires de fiches WBT 0710 plaquées or
Entrées numériques :
2 RCA S/PDIF (24/192),
2 optiques Toslink (24/192),
1 USB (optimisée 16/48)