AMPLI INTEGRE/DAC
Officiellementlancé en septembre 2011 lors du salon Top Audio de Milan, l’intégréFortissimo appartient à la gamme ArmoniA du constructeur italiendont c’est la première électronique d’amplification àbénéficier d’un convertisseur numérique embarqué. Reconnu pourles qualités musicales de ses produits, Audio Analogue étend saconnectivité sonore vers le numérique avec ce musical Fortissimod’un prix très étudié.
L’idéed’intégrer une interface numérique dans un amplificateur présenteau moins deux avantages. D’abord une réduction de coût pour lefabricant et de prix d’achat pour le consommateur vu la suppressiond’un châssis sur les deux qu’auraient exigé deux élémentsséparés. Ensuite, une simplification de mise en œuvre avec desliaisons internes entre DAC et amplis courtes et optimisées pour leconstructeur, et une diminution des câbles à raccorder pourl’utilisateur. Bien évidemment, cette démarche suppose quelquescompromis de la part du concepteur que le futur propriétaire duproduit est prêt à accepter. C’est là toute la philosophie d’unintégré qu’Audio Analogue a savamment maîtrisé au sein duFortissimo.
Unecentrale de dispatching audio
L’appareil a été imaginé comme une plaque tournante entre le signal musical en provenance de sources aussi diverses qu’une platine vinyle, un lecteur de CD ou un ordinateur, et les enceintes acoustiques. C’est une nouveauté pour Audio Analogue qui, jusqu’à l’apparition de ce Fortissimo, ne fabriquait que des électroniques d’amplification (ligne et de puissance), des lecteurs de CD, des tuners et un combiné tout-en-un. Côté entrées analogiques, cinq de niveau ligne sont prévues, dont une symétrique sur XLR et une configurable en entrée directe, c’est-à-dire en by-pass de la section préamplificateur afin de connecter directement le Fortissimo devenu amplificateur stéréo à un système home-cinéma, par exemple. Les amateurs de galettes irisées apprécieront l’entrée phono MM/MC configurable par microswitches de l’intérieur du châssis. Une sortie analogique Output Pre/Rec est disponible et configurable soit en Pre Out (niveau variable avec le volume) soit en Rec Out (niveau fixe et identique à celui de l’entrée sélectionnée) par straps internes. Côté numérique, un DAC maison équipe l’appareil et peut recevoir des datas au format 24/96 sur ses entrées S/PDIF et optiques, et en 16/48 sur son port USB. Une sortie S/PDIF coaxiale permet de router une des trois entrées numériques sélectionnée vers un DAC externe. Le port USB présente également l’originalité de pouvoir envoyer vers un ordinateur n’importe quel signal audio préamplifié et converti en numérique par le Fortissimo. Il sera ainsi possible de numériser un vinyle et de le conserver sur l’ordinateur.
Uncœur vaillant
LeFortissimo est installé dans un châssis constitué de quatre tôlessolidement vissées entre elles et une face avant en aluminiumanodisé naturel ou noir. Le capot est copieusement ventilé pourévacuer les calories, la face arrière reçoit la connectiqueévoquée plus haut. La face avant n’est munie que d’une grossemolette centrale de volume, d’un poussoir de mise sous tension etd’un jack pour le casque. En y regardant de plus près, on découvreune ribambelle de petits trous (dix à gauche, quinze à droite)abritant chacun une diode LED bleue de rappel. Ces témoins lumineuxont une première fonction, à savoir rappeler la source sélectionnée(par appui sur le bouton de volume), à gauche, et indiquer le niveaude volume, à droite. Puis on accède à un second niveau d’affichagerelatif à certains réglages de l’appareil en jouant avec lamolette centrale et la télécommande ASC100 fournie et compatibleavec le reste des produits Audio Analogue. On pourra, par exemple,régler la balance, sélectionner une des quatre courbes deprogression de l’atténuation du volume (fonction qui permet des’adapter notamment à la sensibilité globale du système) ouencore modifier l’éclairement des diodes en face avant.
L’intérieurdévoile un colossal transformateur torique non blindé et une carteen verre époxy regroupant la totalité des composants audio à forteteneur CMS. Seuls quelques condensateurs dont quatre de forte valeuren filtrage d’alimentation et les douze transistors bipolaires desortie (soit six en push-pull complémentaire par canal avec contrôleautomatique de température) montés sur dissipateurs à ailettesrestent discrets. La gestion des commandes et du signal infrarouge dela télécommande est opérée par une carte en arrière de la faceavant. Les entrées sont commutées par de la logique à transistorsà faible bruit. Le réglage de volume est confié dans le domaineanalogique à un chip Burr Brown PCM2320 piloté numériquement.C’est un chip PCM2902 qui traite les datas du port USB, et laconversion numérique vers analogique est confiée à un circuitPCM1781 (Delta Sigma 24/192).
Fabrication et écoute
Nous avons privilégié les écoutes à partir de supports CD et de fichiers dématérialisés qui intéressent tout particulièrement la clientèle ciblée par cet intégré. Nous avons également programmé l’appareil avec la courbe B de progression de volume qui permet une variation plus souple du niveau sonore. L’entrée phono a été néanmoins testée à partir de quelques vinyles repères avec une platine et un bras EAT équipés d’une cellule MC Van den Hul. Sans être universel, le réglage par straps d’impédance de charge du Fortissimo autorise une adaptation tout à fait correcte entre la cellule et l’intégré pour une écoute extrêmement satisfaisante, notamment en termes de timbres et de chaleur analogique.
Construction : La fabrication du Fortissimo s’inscrit dans la tradition de ce constructeur italien que nous retrouvons avec plaisir. L’esthétique est sobre et l’assemblage par de nombreuses vis en inox des différentes parties du châssis confère une rigidité bien supérieure à celle obtenue par les tôles pliées traditionnelles. L’agencement interne symétrique est impeccable avec
un câblage extrêmement réduit.
Composants : Le poids de l’appareil est la conséquence d’un transformateur surdimensionné de 1 000 VA par rapport aux besoins réels du produit : c’est donc bon signe en termes d’énergie disponible. L’usage intensif de composants CMS autorise une densité d’implantation élevée et a notamment permis l’intégration de la correction RIAA au sein même des étages de pré-amplification. Moins de fils équivaut à moins d’interférences – fondamental quand on traite des microvolts. Remarque valable également pour les étages numériques entrant et incluant le convertisseur DAC, installés sur le circuit imprimé principal à quatre couches.
Grave : Le registre donne un sentiment de générosité maîtrisée. On sent que l’alimentation et surtout le transformateur sont capables de délivrer du courant, et cela se ressent sur les messages fournis en grave. La contrebasse sur la piste « My Treasure » (Sinne Eeg, The Dali CD volume 3) est bel et bien devant l’auditeur, elle prend forme au fil du jeu du contrebassiste avec un excellent contrôle des haut-parleurs. L’instrument reste proportionné. L’extrême grave, sans être abyssal, explore néanmoins les soubassements avec une certaine conviction (Moonlight on Spring River par Zhao Cong).
Médium : La restitution du Fortissimo s’avère très satisfaisante en termes de justesse de timbres et de contenu harmonique. L’écoute apparaît vive, claire, détourée, elle donne même un sentiment d’analyse plus poussée que la moyenne dans la région haut médium. En réalité, cette impression de piqué dissimule un léger déficit de texture et de lien entre les notes, notamment sur l’entrée USB. Cette caractéristique, qui offre néanmoins l’avantage de ventiler subjectivement un peu plus les ambiances, requerra plus d’attention quant au choix des maillons associés.
Aigu : La bande passante très étendue de l’intégré Audio Analogue se vérifie concrètement à l’écoute. En effet, l’analyse des fréquences élevées et des différents harmoniques semble totalement libre de toute contrainte. Mais on retrouve la coquetterie constatée quelques octaves plus bas dans le haut médium : le Fortissimo décortique avec une certaine aisance chaque note de la partition mais n’arrive pas totalement à créer un lien entre elles. Le ciselé incontestable manque de fluidité.
Dynamique : Avec son imposant transformateur d’alimentation, on attendait le Fortissimo sur ce plan de la dynamique. Dans des conditions d’écoute domestique favorables à un bon voisinage, nous n’avons pas été déçus. L’introduction orchestrale de la Marche de Radetzky de Johann Strauss conserve un très bon dosage de l’énergie sur les attaques collégiales. Sans logiquement atteindre les performances de notre système repère, on est aux places intermédiaires dans la salle de concert, on y croit. Si on souhaite aller plus loin dans le réglage de volume et se rapprocher de la scène, le Fortissimo marque alors le pas en termes d’impact ressenti, mais ne cède rien sur le terrain de la cohérence du message.
Attaque de note : Grâce à sa réactivité, à son côté piqué et à son alimentation relativement puissante et rapide sur les appels transitoires, l’intégré affiche une belle santé sur les attaques de notes. Celles-ci démarrent sans aucune impression de retard par rapport à la partition. C’est ce que nous avons apprécié sur la Ballade n° 1 de Chopin par Jean Muller où l’émotion transpire à chaque toucher sur le clavier. Le dégradé harmonique reproduit confère ainsi une dose de réalisme et d’ampleur au message.
Scène sonore : A l’image de ses excellentes capacités à suivre le rythme et ainsi à décliner un dégradé harmonique cohérent, le Fortissimo nous livre une scène sonore toujours en phase avec l’œuvre reproduite. L’écoute de « La corrida » de Francis Cabrel (CD Samedi soir sur la Terre) révèle une ambiance « studio » très confinée alors que « Dansons la gigue » de Patrica Barber (CD A Fortnight in France) respire tout l’air de la salle de concert captée en « live ». Pas d’écoute stéréotypée donc avec cet intégré attachant.
Transparence : Pour paraphraser une célèbre réplique d’un de nos hommes politiques des années 1970, nous dirons que le bilan subjectif est globalement positif. La largeur de la bande passante, la réponse en fréquences bien équilibrée, la consistance du registre de grave et les indéniables qualités tonales dans le médium et l’aigu sont autant d’atouts maîtres qui nous feront pardonner le léger manque de chaleur dans le haut du spectre.
Rapport qualité/prix : Moins de 1 800 euros pour une électronique de cette qualité et équipée d’origine d’une carte de correction RIAA et d’un DAC compatible USB et S/PDIF est une très bonne nouvelle. Audio Analogue a conçu son Fortissimo comme une interface simple, universelle, suffisante et de coût modéré pour réunir la plupart des sources actuelles analogues et numériques à une paire d’enceintes dans un bouquet musical de qualité. L’objectif est atteint.
Verdict
L’intégréFortissimo constitue un très bel exercice de la part du constructeurtoscan. La fabrication sérieuse et les solutions technologiques quiont forgé la réputation de la marque ne font pas défaut à ceFortissimo dont la connectivité étendue l’adresse aux mélomanesde tous horizons technologiques. Les résultats sonores sont d’untrès bon niveau pour un intégré dans cette tranche de prix. Si enplus on considère l’équipement original du produit proposé à untarif très raisonnable, alors l’appareil devient franchementalléchant.
Fiche technique
Origine : Italie
Prix : 1 790 euros
Dimensions :
445 x 117 x 391 mm
Poids : 12,5 kg
Puissance nominale :
2 x 100 W sous 8 ohms,
2 x 180 W sous 4 ohms
Distorsion :
< 0,015 % (100 W 8 ohms),
< 0,3 % (180 W 4 ohms)
Rapport signal sur bruit : > 100 dB
Entrées : 4 RCA (ligne)
1 RCA phono (avec prise
de masse séparée), 1 XLR ligne,
1 mini-jack 3,5 mm,
1 jack 6,35 mm pour casque
Entrées numériques :
1 USB 16/48, 1 Toslink 24/96
et 1 S/PRDIF RCA 24/96,
mini-jack « Trigger »
Sorties : 1 RCA « Pre Out »,
1 S/PDIF RCA, 2 paires
de fiches HP isolées