ENCEINTE

BC ACOUSTIQUE ACT A3.5

Le catalogue de produits BC Acoustique s’étoffe avec une nouvelle série d’enceintes acoustiques ACT. Renaissance logique d’un constructeur qui avait déjà développé quelques modèles mémorables comme la célèbre Niger ou la gamme ACT première du nom. La colonne ACT A3.5 en test reprend une architecture très proche de celle de ses aînées avec néanmoins quelques améliorations technologiques savamment dosées.

C’est en 1993 que BC Acoustique est créée sous l’impulsion de Bruno Roux et de Christian Avedissian, respectivement le B et le C de BC. Les deux amis et associés se consacrent au développement d’enceintes acoustiques tout en distribuant quelques marques emblématiques comme NAD, Chord ou Tara Labs. C’est avec la colonne trois voies Niger lancée en 1995 que les ventes se mettent à progresser rapidement et que l’entreprise connaît une forte croissance. En 1996, la voie centrale Axios conçue à partir d’un modèle haute-fidélité finit d’imposer la patte BC Acoustique dans le domaine du home-cinéma. En 2011, la société BC Diffusion est créée. Non seulement elle continue une activité de distribution, avec Teac notamment, mais elle relance la marque BC Acoustique avec de nouvelles électroniques et désormais des enceintes acoustiques.

BC Acoustique, ACTe 2

La colonne trois voies ACT A3.5 prend place au sein d’une gamme de quatre modèles. C’est le plus sophistiqué de tous avec un boomer latéral de 26 cm à membrane en pulpe de cellulose monté sur un saladier en alliage qui supporte une ferrite de 110 mm de diamètre. La charge bass-reflex est accordée avec un évent cylindrique arrière, le filtrage autour de 300 Hz est du premier ordre. Le médium est pris en charge par deux unités montées symétriquement autour du tweeter. La membrane en polypropylène reçoit une bobine à double couche et une suspension à long débattement. Leur ferrite de 100 mm est dotée de plaques de champ favorisant la décompression de l’équipage mobile. La charge est close et commune aux deux unités raccordées en large bande. Quant au tweeter, c’est une évolution du modèle à chambre de compression du fabricant, avec dôme en aluminium de 17 mm et pavillon exponentiel en aluminium massif. Le circuit magnétique est à double ferrite et à entrefer réduit grâce à un nouveau procédé d’usinage bien plus précis. L’augmentation de l’intensité du champ dans l’entrefer à ferrofluide et la diminution du taux de compression aboutit à une meilleure linéarité de la bande passante utile entre 3 kHz et 50 kHz avec une sensibilité de 93dB/W/m. Le filtrage est ainsi maintenu au premier ordre vers 4 kHz avec un simple condensateur au polypropylène. La plaque constructeur à l’arrière est pourvue de deux paires de bornes isolées (bi-câblage et bi-amplification possibles), elle dispose également d’un réglage de niveau du tweeter par strap à cinq positions et pas de 1,5 dB entre -3 et +3 dB. L’ébénisterie est réalisée en médium de 25 mm, montée sur pieds réglables en aluminium en forme d’ogive et finie en une magnifique laque piano noire.

Fabrication et écoute

Construction : Nous connaissions les premières réalisations de BC Acoustique et nous sommes ravis de retrouver la patte sérieuse du fabricant en termes d’esthétique et de qualité de fabrication. Cette A3.5 semble faite pour une finition laquée noir. L’assemblage est impeccable, l’allure générale mêlant le noir et l’aluminium confère beaucoup d’élégance à la colonne.

Composants : Beaucoup d’idées très intéressantes sur ce modèle dont notamment un nouveau tweeter à chambre de compression au niveau réglable et la configuration MTM qui permet d’obtenir une image stable et large. Le choix du boomer latéral a été bien maîtrisé et ne semble pas poser de problème particulier quant au positionnement des enceintes. Le filtrage minimaliste contribue au rendu très aéré du modèle.

Grave : Nous avons apprécié la fermeté de restitution du registre et l’exploration tout à fait satisfaisante des premières octaves par le haut-parleur de 26 cm, diamètre minimal qui nous paraît nécessaire si on recherche un minimum d’énergie et d’impact physique sur les modulations à basse fréquence. C’est exactement le cas sur le « Dis-moi » du groupe Baz Baz dont les résonances de fûts et les frappes de boule sur la grosse caisse claquent et détonent sans l’ombre d’une faiblesse de la part de l’A3.5. Aucun traînage ne vient ralentir la trame rythmique soutenue du batteur.

Médium : Le registre est traité entre 300 Hz et 4 kHz avec un filtrage à pente faible à ses deux extrémités. C’est une initiative favorable à une parfaite réponse en phase entre tous les transducteurs et donc à une analyse fouillée. Cela s’entend ! Sur Gotcha en « live », la voix bien timbrée de Patricia Barber résonne dans l’espace de la salle de concert, ce qui insuffle un effet remarquable de présence. On décèle un léger halo dans le bas médium (contrebasse sur « My Treasure » par Sinne Eeg) qui n’enlève rien à la qualité tonale et à la crédibilité de la restitution.

Aigu : L’association d’une chambre de compression (à l’origine, le premier tweeter BC100 est le fruit d’une collaboration avec Fostex) avec des haut-parleurs « haute-fidélité » de sensibilité et de réactivité moins élevées nous a d’abord laissés perplexes. Détimbrage, décalage rythmique, équilibre montant, bref cette option s’avérait semée de nombreuses embûches. BC Acoustique a très bien appréhendé le sujet et on apprécie la cohérence finale de l’A3.5. Le ciselé et la finesse de l’aigu dépasse ceux des dômes traditionnels, de même que le pouvoir d’accélération qui semble développer le dégradé harmonique et affiner le rendu des fréquences ultimes (les « s » ne « chuintent » pas). Légère remontée subjective dans le haut-médium (recouvrement large entre les deux unités de médium et la chambre ?) qui in fine accentue l’effet de présence pour notre plaisir auditif.

Dynamique : Les ingrédients techniques favorables à une bonne restitution de l’énergie impulsionnelle sont réunis, à savoir boomer de grand diamètre mais rapide, configuration MTM avec transducteurs de médium à membrane légère et tweeter à pavillon, ainsi que filtrage du premier ordre. Effectivement les colonnes A3.5, dont l’ébénisterie ne vibre pour ainsi dire pas, restituent les variations de modulation larges comme infimes avec beaucoup de réalisme. Sur la Marche de Radetzky de Johann Strauss par Nikolaus Harnoncourt, l’attaque initiale de l’orchestre est restituée avec de l’ampleur et du panache. Les passages pianissimi comme le solo de tambour en introduction brillent de mille et une micro-modulations parfaitement réparties sur la bande audio.

Attaque de note : Les premières secondes d’écoutes des ACT A3.5 ne laissent planer aucun doute, ces enceintes sont rapides et réactives. Du grave à l’aigu, on sent que ces colonnes cherchent à « coller » à l’enregistrement et à la prise de son. Les attaques toujours alertes déclinent chaque note avec un cortège harmonique très complet. C’est la crédibilité de la restitution qui s’intensifie grâce à des couleurs tonales très variées et un sens du rythme bien soutenu.

Scène sonore : Les choix technologiques retenus, notamment la faible largeur du baffle support et la configuration des haut-parleurs sur ce baffle (rayonnement polaire plus cohérent), contribuent à développer une scène sonore de grande ampleur dont les différents plans sont distinctement étagés en profondeur. L’image stéréo est très stable et pourra être modulée selon les préférences de chacun avec les boomers orientés vers l’extérieur (plus de largeur et un peu moins de focalisation) ou vers l’intérieur (un poil moins large mais focalisation plus nette – notre configuration de tests).

Transparence : Les ACT A3.5 ont été conçues avec un souci aigu de la cohérence acoustique de diffusion, d’où leur appellation ACT. Il est indéniable que le constructeur a réussi son pari. Ces colonnes se distinguent par leur réponse en fréquences très étendue, par leur attitude réactive et par leur analyse spectrale plutôt dense. Le message est globalement neutre, on note juste deux petites coquetteries d’amplitude aux fréquences de transition du filtre de séparation sans aucune influence majeure sur la crédibilité du rendu.

Rapport qualité/prix : La tranche de prix dans laquelle de situent les ACT A3.5 n’est pas celle où il est le plus aisé de s’imposer. Cependant le constructeur jouit d’une réputation notable et d’un savoir-faire certain que ses précédentes réalisations (ACT, Niger et autres Nil) ont durablement établis. Cette ACT en mouture 2013 est née sous une bonne étoile puisqu’on retrouve les recettes technologiques essentielles de BC Acoustique assorties d’améliorations bénéfiques (tweeter, composants du filtre, etc.) et d’une finition de grande classe. Tout cela reste raisonnablement tarifé.

Verdict

Le retour des enceintes BC Acoustique est une excellente nouvelle dont toute notre communauté audiophile se réjouit. Le fabricant souhaitait reprendre l’aventure là où il l’avait malheureusement abandonnée il y a quelques années, et il repart du bon pied avec cette colonne ACT A3.5. La restitution vitaminée et aérée prend racines dans les solutions techniques adoptées qui mêlent avec brio simplicité (pas simplisme…) et innovation. La fabrication très soignée ajoute une touche d’élégance au produit et la bonne sensibilité facilitera son association.

Fiche technique

Origine : France
Prix : 3 490 euros
Dimensions :
1 150 (1 180 avec pieds) x 220 x 430 mm
Poids : 25 kg
Amplification recommandée :
de 50 à 150 W
Impédance nominale : 4 ohms
Sensibilité : 92dB/W/m
Réponse en fréquences :
30 Hz à 50 kHz

--:-- / --:--