AMPLI INTEGRE

ETALON INTEGRAL

La marque hongroise a présenté tout récemment ses nouveautés de l’année, parmi lesquelles nous avons remarqué cette électronique. Amplificateur de puissance ? Pas seulement : un intégré de haut de gamme avec télécommande, un accessoire assez rare chez Etalon.

Les néophytes penseront, à tort, « encore une marque de plus ! », car le fondateur de cette marque, László Sallay, a travaillé dans des sociétés prestigieuses et très connues dans le monde de l’audio, que ce soit chez Ortofon, cher aux audiophiles, ou chez Bruel & Kjaer, firme réputée pour ses microphones de mesure qui a, voici de cela quelques années, développé une gamme de microphones de prise de son sous la nouvelle marque DPA (Danish Pro Audio). Aux commandes de sa société, László Sallay se consacre à la création de maillons haut de gamme. Etalon, société très active, propose de nombreuses nouveautés cette année, parmi lesquelles cet amplificateur intégré baptisé IntegrAI : en fait, une nouvelle version, plus puissante, d’un des fers de lance de la marque.

Un amplificateur massif

La face avant de toute beauté, réalisée en palissandre verni, présente un afficheur caché sous du verre fumé. Le premier digit affiche l’entrée stéréo ligne sélectionnée parmi quatre asymétriques sur RCA, tandis que les deux autres indiquent le volume d’écoute, ajustable sur 63 pas de 1 dB. À chaque action sur le volume accessible sur la télécommande, l’amplificateur se met en mute durant un quart de seconde. Pendant ce temps, il commute, via des relais, les paires de résistances de haute précision. L’amplificateur doit sa hauteur imposante aux dissipateurs thermiques d’environ 30 cm de haut logés dans les flancs. Cet amplificateur, donné pour 100 W par canal, travaille en effet en classe A jusqu’à 25 W et glisse en classe A/B au-delà.

Un concept simple et efficace

Un énorme transformateur torique trône dans le fond du châssis. Ses enroulements secondaires indépendants alimentent chacun un canal, via un pont de diodes découplé d’un condensateur Wima polystyrène de 10 µF/250 V. Le découplage des cartes d’ampli dépasse les 60 000 µF par canal. Les composants passifs de haute précision assistent les composants actifs aux références effacées, en particulier le double push-pull par canal. Il s’agirait, selon toute vraisemblance, de transistors MosFet. La très haute qualité de restitution s’appuie tant sur un schéma simple et efficace, ne mobilisant que deux étages de gain à faible taux de contre-réaction, que sur le tri sévère des composants, afin d’apparier les canaux à 0,1 dB près.

Fabrication et écoute

Construction : D’aspect massif, l’Etalon doit ses dimensions, en particulier sa hauteur, à sa température de croisière qui, plutôt élevée, impose l’emploi de larges dissipateurs sur lesquels il est difficile de laisser la main… La façade doublée de palissandre verni, de toute beauté, souligne le caractère classieux de cet intégré. Au dos, on aperçoit les câbles de puissance, mais cette astuce peu esthétique permet la connexion directe des câbles d’enceintes, les embases se contentant d’offrir un blocage mécanique de la liaison électrique.

Composants : László Sallay, le concepteur, use principalement de composants discrets, à la référence meulée. Les transistors de puissance ressemblent beaucoup à des Toshiba ou des Sanken et le son fait penser à des MosFet… Les éléments passifs, tels que les résistances et condensateurs, n’ont pas subi cette opération de masquage des références. On notera la disposition judicieuse des cartes électroniques, montées sur des dissipateurs de grande taille, de plus de 30 cm de haut.

Grave : L’Etalon retranscrit avec beaucoup de précision ce registre, avec une certaine rapidité et une belle articulation. Le comportement de l’amplificateur change en fonction du contenu musical, faisant preuve d’une aisance enviable. Peut-être manque-t-il quelques hertz dans l’extrême grave, mais face aux autres performances dans les pleins et déliés, de même que dans l’assise, rien de gr… rédhibitoire n’est à déplorer.

Médium : L’articulation révélée dans la gamme fréquentielle inférieure se retrouve ici, en parfaite harmonie. Le médium s’exprime, voire se libère dans une fluidité très musicale. L’Integral ne saurait se départir pour autant d’un pouvoir analytique largement supérieur à la moyenne de cette gamme de prix d’éléments d’exception. L’équilibre musical subtil de cet Etalon combine adroitement une aération plutôt rare et un tel respect des sources sonores qu’on les croirait bénéficier chacune de son propre amplificateur, tant le détourage des différents instruments donne du plaisir à l’écoute.

Aigu : L’Etalon monte très haut, et très vite, sans jamais se laisser distancer ou verser dans la simplification sur les passages chargés, où la différentiation des timbres et leur contenu harmonique revêt une importance cruciale. Cette grande aisance dans la retranscription contribue, elle aussi, au détourage constaté dans le registre médium, tout en le prolongeant. Le caractère doux et soyeux de l’Integral souligne son comportement hautement musical.

Dynamique : Sur cet aspect de l’évaluation d’écoute, on aurait, à l’évidence, plus vite fait d’évoquer la dynamique de la source, de même que celle de l’enregistrement choisi pour le test. En effet, cet amplificateur intégré peut libérer une puissance instantanée impressionnante, à l’image du signal qu’il doit amplifier pour en nourrir les enceintes. On le ressent sur les fortissimi, ou plutôt sur les écarts de niveau sonore de l’enregistrement du bruit du ressac de la mer dans les rochers du petit port breton de Kerroc’h, d’autant qu’aucun processeur de dynamique n’a été ajouté
en postproduction.

Attaque des notes : La vivacité de l’Integral, bien servie par une puissante alimentation et des étages de gain soignés, confère à la musique un scrupuleux respect des attaques de notes. Cette observation va de pair avec le détourage remarqué sur les différentes sources sonores, que les passages soient complexes ou nettement plus dépouillés. L’Etalon reste à son aise en toutes circonstances, quels que soient le programme joué et le niveau d’écoute.

Scène sonore : Dès lors que l’Etalon respecte la dynamique, se montre rapide dans l’établissement des notes et fidèle dans les attaques de notes, on ne s’étonnera pas d’apprécier une scène sonore réaliste, véritablement en trois dimensions. Le concepteur a usé de son savoir-faire enviable, en optant pour une alimentation surdimensionnée, des étages de gain très rapides et une parfaite identité entre les deux canaux. Sur le disque Gogol Suite d’Alfred Schnittke, on perçoit les dimensions de la salle via son acoustique naturelle, ce que sait reproduire l’Integral.

Transparence : Ce terme de transparence pourrait résumer, à lui seul, toutes les qualités musicales dont cet Etalon est capable. Après avoir écouté une vingtaine de plages sur une dizaine d’audiogrammes, tout auditeur attentif peut se construire une idée du caractère de cet amplificateur. Mais… une petite idée seulement, tant l’Integral est changeant d’un enregistrement à l’autre, à un point tel qu’on a parfois l’impression d’écouter un autre amplificateur, doté d’un même tronc commun de
qualités : on n’aura jamais fini de le découvrir, tant il laisse vivre la musique.

Qualité/prix : Bel objet, massif mais à la finition irréprochable, très musical, l’Etalon Integral doit son coût élevé à l’expérience que son concepteur applique, de manière évidente, ou moins, en raison des références effacées d’un grand nombre de composants, et surtout à la mise au point manuelle de chaque module d’amplification, afin de garantir un comportement identique de l’un à l’autre.

Verdict

Etalon sort, comme toujours, des sentiers battus et rebattus, comme l’illustre son IntegrAI, ressemblant plus à un bloc de puissance qu’à un combiné de préamplificateur stéréo ligne et d’une paire de blocs mono. Sa finition irréprochable et la beauté du palissandre verni de la face avant s’harmonisent avec une esthétique sonore où la musicalité est reine. On s’habituera à la spécificité du contrôle de volume, seul petit point critique, bien que l’on ne passe pas son temps à ajuster le niveau d’écoute. Si la concurrence est très rude dans cette gamme de prix, l’Etalon IntegrAi présente de nombreux arguments propres à remporter les suffrages.

Fiche technique

Origine : Hongrie
Prix : 9 100 euros
Dimensions :
455 x 324 x 444 mm
Poids : 35 kg
Entrées stéréo :
4 asymétriques sur RCA (10 kilohms)
Sorties de puissance :
2 paires embases enceintes
Puissance de sortie par canal :
100 W minimum (8 ohms)
Réponse en fréquence :
10 Hz à 60 kHz (-3 dB à 100 W)
Sensibilité d’entrée : 0,7 V RMS
pour 100 W en sortie
Gain : 32 dB
Facteur d’amortissement : 200
Option finition façade vernie :
cerisier, palissandre,
laque noire, laque blanche

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