ENCEINTE
Le constructeur allemand Quadral revient en France avec une ligne d’enceintes de haut de gamme, les Aurum, dont voici le modèle le plus abouti, à trois voies et quatre haut-parleurs.
Durant trente ans, Quadral a affiné la série Titan. Depuis la version VI, ces enceintes font partie d’une nouvelle structure, filiale de Quadral, appelée Aurum (or en latin). La huitième version de la série Titan s’appuie donc sur trois décennies de savoir-faire, de nombreuses améliorations techniques et optimisations. Cette colonne de près de 140 cm de hauteur dispose de quatre haut-parleurs alignés sur un plan médian, contrairement aux cinq premiers modèles de Titan. En revanche, toutes ces colonnes appartiennent à la catégorie des enceintes à trois voies, dotées de variantes : sur les modèles I à V, l’unique boomer était placé en haut du coffret. Le médium et le tweeter étaient alignés sur un plan vertical, mais l’ensemble était décalé de l’axe de symétrie du baffle, ce qui a conduit Quadral à produire des enceintes différenciées gauche et droite. La version VI marque une nouvelle direction, avec l’apparition d’une disposition symétrique. Ces enceintes comprenaient deux boomers au bas de la colonne, accompagnés d’un type de charge comparable à celui des Titan VIII, tandis qu’une paire de médiums disposés en D’Appolito encadrait le tweeter en haut et en bas. La version VII adopte d’autres solutions techniques, telles qu’un coffret « pseudo-pyramidal » et un unique boomer, mais d’un diamètre de 38 cm. Le modèle actuel Titan VIII revient à une conception technique plus classique en apparence : son baffle à double paroi a été conçu ainsi afin de monter en retrait les deux boomers par rapport au médium et au tweeter. Cette démarche n’a pas grand-chose à voir avec l’esthétique. En effet, il s’agit là d’améliorer la restitution dans le registre grave en utilisant un système de charge acoustique intéressant : le baffle principal couvre légèrement la surface émissive des transducteurs de grave, ce qui n’affecte en rien leur bande passante qui culmine, par filtrage, à 250 Hz. Ainsi l’on obtient, sur le plan frontal, une augmentation de la pression acoustique, équivalente à celle qui, à l’intérieur du coffret de l’enceinte, alimente l’évent bass-reflex orienté vers le sol. Les deux faces de chacune des membranes subissent donc la même résistance à l’air, en limitant leur excursion et le risque de déplacements non symétriques. Le concepteur, Sascha Reckert, a obtenu grâce à cette charge une meilleure sensibilité, une sonorité plus neutre et une réduction de la distorsion.
Des membranes en ALTIMA
Depuis la Titan VI, les transducteurs à cône des Aurum disposent d’un alliage propre à la marque. Chaque constructeur y va, en effet, de sa recette, afin de se rapprocher le plus possible du fonctionnement théorique en piston, sans fractionnement de la membrane dans le bas de sa bande passante, tout en présentant une réponse impulsionnelle optimale. Il faut donc réaliser une membrane à la fois légère, rigide et exempte de toniques. Aurum a donc choisi de combiner trois métaux en un alliage remplissant ce cahier des charges universel : ALuminium, TItane et MAgnésium, les deux premières lettres de chaque métal formant le nom déposé ALTIMA. La Titan VIII est donc équipée de trois transducteurs accueillant de telles membranes : les deux boomers de 26 cm de diamètre et le médium de 17 cm qui travaille dans la bande comprise entre 250 Hz et 2,7 kHz. Ce dernier, version améliorée de ses prédécesseurs, a vu notamment la longueur de sa bobine se réduire, tandis que le champ magnétique a augmenté de manière importante.
Nouveau tweeter
Tous les modèles de Titan possèdent un tweeter à ruban, mais ce transducteur a évolué au fil du temps pour aboutir à ce nouveau modèle. Ce ruban, baignant dans un très puissant champ magnétique généré par une paire d’aimants au néodyme, mesure 12 cm de long pour une épaisseur de 15 µm et une masse à mettre en mouvement de seulement 20 milligrammes. Le concepteur n’a pas retenu le fonctionnement en dipôle du tweeter, puisqu’un matériau amortissant a été installé à l’arrière…
Fabrication et écoute
Construction : Saluons la finition rigoureuse et irréprochable de la Titan VIII. Une plaque d’Altuglas laisse voir le filtrage complexe des trois voies. Les liaisons internes sont réalisées en Real Cable. Les quatre bornes de qualité WBT, en externe, acceptent le bicâblage et la biamplification. Ces enceintes sont disponibles en placage naturel ou en finition laquée (190 coloris disponibles en option).
Composants : Ce constat positif sur le plan de l’ébénisterie vaut autant pour la finition des superbes transducteurs de la marque, en particulier les haut-parleurs à cônes en alliage métallique d’excellente facture. Les éléments du filtre, nombreux, se répartissent entre des selfs sur fer, sur air, des condensateurs au polypropylène et des résistances de puissance en céramique, le tout monté sur un large circuit imprimé. Trois rotacteurs affectent les courbes des transducteurs sur -2 dB, 0 dB ou +2 dB : on notera, au passage, que ces rotacteurs offrent le loisir d’atténuer le registre grave, le médium et/ou l’aigu, indépendamment les uns des autres, mais qu’il est également possible d’apporter 2 dB de gain, ce qui explique la complexité du filtre…
Grave : Ce registre fait preuve d’une ampleur et d’une générosité dans la justesse des timbres très convaincantes. On ne ressent aucune limite basse et la consistance est au rendez-vous. Si vous vivez en appartement, il faudra peut-être atténuer un peu ce registre, afin de ne pas gêner vos voisins du dessous, tellement les Titan VIII font preuve de réalisme dans le grave.
Médium : Cette impression de consistance remarquée dans le grave s’harmonise avec celle du registre médium, associant le punch et la finesse, sans coloration et grâce à une précision exemplaire. La transcription de ce registre, toute en musicalité, vérifie le bien-fondé de la démarche technique du constructeur dans l’élaboration des haut-parleurs à membrane conique.
Aigu : Le tweeter prend le relais assez bas, à 2,7 kHz, et officie de manière magistrale dans la bande inférieure à 12 kHz. Au-dessus, on perçoit une petite tonique dont on pourra s’accommoder, un peu comme lorsqu’on écoute pour la première fois certains tweeters à compression ; sauf que là, il s’agit d’un modèle à ruban…
Dynamique : La sensibilité de la Titan VIII, moyenne sur le papier (voir caractéristiques techniques), ne bride pas pour autant sa réponse dynamique. Outre les tests sonores habituels dont de nombreux lecteurs m’ont demandé les références, j’y ai joint un concept-album de Roger Waters (l’ex-bassiste de Pink Floyd), Radio K.A.O.S., remarquable en tout point, y compris l’exceptionnelle prise de son, justement très dynamique : un régal pour les Aurum !
Attaque de note : La consistance générale, sur l’aspect sonore, de la Titan VIII n’entrave en rien l’attaque des notes, en raison de la légèreté des équipages mobiles des quatre transducteurs, de leur bonne sensibilité et de leur réponse en fréquence dépassant les 60 kHz. Petit rappel : il existe une relation physique entre temps de montée et bande passante : plus cette dernière est large et plus la réponse impulsionnelle est rapide.
Scène sonore : L’un des intérêts des tweeters à ruban, outre la rapidité, réside dans la large diffusion du message musical, gage de faible directivité. Ces enceintes délivrent une scène sonore réaliste, en trois dimensions, en respectant une excellente focalisation des sources instrumentales, sans simplifier les événements musicaux de faible à très faible amplitude.
Transparence : Conséquence quasi logique de ce qui précède, en particulier dans leur souci du détail, la transparence globale des Aurum est plus que satisfaisante. Dans nos tests, nous avons atténué le tweeter de 2 dB, ajouté 2 dB au registre médium et laissé le filtrage du grave en linéaire.
Qualité/prix : Comme toutes les enceintes acoustiques se situant dans la même zone tarifaire, il apparaît difficile d’établir un rapport qualité/prix précis. Cependant, on peut s’appuyer sur la pertinence des coûteuses technologies employées par le constructeur et tout particulièrement celles qui entrent dans la conception des haut-parleurs, fruit de longues recherches et de trois décennies de mises au point adoptées au fil des générations précédentes de la lignée Titan.
Verdict
Ces imposantes colonnes possèdent de nombreuses qualités, dont résulte leur restitution organique et articulée, remarquable sur de nombreux points cruciaux. En effet, la réactivité de ces enceintes, en termes de dynamique et de rapidité, apporte de grandes satisfactions. De plus, le relief de la retranscription des audiogrammes et la focalisation des sources musicales dans un espace cohérent renforcent les qualités de ces colonnes. Si la haute musicalité des Aurum Titan VIII ne fait aucun doute, on peut se surprendre à se demander comment se comporterait le tweeter sans amortissement à l’arrière du ruban…
Fiche technique
Origine : Allemagne
Prix : 13 000 euros la paire
Dimensions : 139 x 31 x 57,85 cm
Poids : 88 kg
Réponse en fréquence : 16 Hz à 65 kHz
Puissance nominale : 300 W
Impédance nominale : 6 ohms
Sensibilité : 90 dB/1 W/1 m
Fréquences de transition du filtre 3 voies : 250 Hz et 2,7 kHz