ENCEINTE

FOSTEX G1302MG

Cela fait tout juste un an que nous avons testé l’enceinte Fostex GX250MG, véritable coup de cœur collégial du magazine. La colonne de ce banc d’essai en est une déclinaison bien plus accessible qui ravira à la fois l’amateur de technologies et le mélomane.

Le fabricant japonais a développé il y a plusieurs années des haut-parleurs dont les membranes adoptaient une structure au profil très particulier baptisée HP (pour hyperbolique parabolique). Alors que tous les autres haut-parleurs électrodynamiques de la planète ont des membranes à géométrie simple (conique, curviligne, plane ou en dôme concave ou convexe) et à comportement mécanique fragile (déformation à certaines fréquences, fragmentation, etc.), Fostex a imaginé une membrane en trois dimensions tenant compte du comportement dynamique en fonction de la fréquence reproduite. Ces recherches ont abouti au profil HP qui entrelace des hyperboles et des paraboles, des creux et des bosses selon une matrice en forme d’étoile de mer. Et, plus récemment, il a encore amélioré le concept désormais appelé HR – où le R qui désigne Rotation introduit des courbes dans le plan horizontal de la membrane –, pour repousser plus haut en fréquence les premiers modes de fractionnement.

À la pointe technologique
Forte d’une récompense attribuée en 2011 par le magazine japonais Stereo Sound dont la réputation est mondiale, la colonne G1302MG (130 pour le diamètre du boomer, 2 pour la pente en degrés des côtés de l’enceinte) devrait avoir un bel avenir gaulois devant elle. Physiquement, financièrement et techniquement, c’est en quelque sorte une réduction à l’échelle de la remarquable GX250MG que nous avions testée. Haute d’un mètre et quelques centimètres, c’est une véritable trois-voies dotée de trois haut-parleurs de technologie identique à ceux de la GX. Le grave jusqu’à 160 Hz est confié à un petit boomer de 13 cm à membrane HR et à suspension UDRT. Rappelons que cette suspension, qui alterne creux et bosses aux fuyantes tangentielles à la circonférence de la membrane, réduit les phénomènes d’antirésonance entre suspension et cône, d’une part, et améliore sensiblement la linéarité des déplacements de la membrane. Ce haut-parleur reçoit une double ferrite montée sur un saladier en aluminium injecté. Le médium est traité par une unité de 13 cm, la première au monde en 2011 à œuvrer autour d’une membrane HR en magnésium pur à 99,9 % également suspendue par un anneau UDRT. L’ensemble est mû par une colossale ferrite de 120 mm. Quant à l’aigu qui entre en jeu à 1 600 Hz, il a été confié à un tweeter à dôme de 20 mm en magnésium pur et à arête centrale de rigidification. Le circuit magnétique de 40 mm de diamètre est constitué d’un empilement de trois aimants dont deux en néodyme. L’ébénisterie à flancs non parallèles est réalisée à partir de contreplaqués de hêtre de 18 et de 19 mm pour la structure générale et d’une plaque de médium de 15 mm pour séparer en interne le volume du boomer de celui du médium, tous les deux accordés en bass-reflex. Le baffle support reçoit des renforts placés près des haut-parleurs et de l’évent de grave, et le socle rapporté est lesté par des pièces métalliques en forme… d’étoile de mer ! En face arrière, un bornier double équipé de straps filaires et placé sous l’évent d’accord du médium côtoie une molette de réglage du niveau de l’aigu sur une plage comprise entre +1 et -2 décibels. Le filtre n’utilise que des composants passifs Fostex, le câblage interne est réalisé en conducteur multibrin en cuivre.

Fabrication et écoute

Construction : Nous retrouvons sur ce modèle la même recherche de perfection qui nous avait frappés avec le modèle haut de gamme GX250MG testé il y a quelques mois. L’usage de différents bois de différentes épaisseurs pour constituer l’ébénisterie redoutablement inerte dénote l’attention portée à la maîtrise des phénomènes de vibrations. La finition est très probablement une des plus exceptionnelles qu’il soit possible de rencontrer sur une enceinte dans ce créneau de prix.

Composants : Fostex, spécialiste emblématique du haut-parleur, ne s’est pas contenté de piocher quelques références de son vaste catalogue pour motoriser la G1302MG. Cette colonne trois voies embarque des transducteurs directement déclinés des enceintes haut de gamme de la série GX, dont un boomer de petit diamètre à membrane HR et des unités de grave médium et d’aigu à base de magnésium pur. Et la possibilité de pouvoir moduler l’amplitude du signal restitué par le tweeter s’est avérée particulièrement utile et efficace.

Grave : Il est rare qu’une colonne équipée de haut-parleurs de petit diamètre délivre un grave aussi profond et aussi percutant que celui de la G1302MG. Sans logiquement atteindre l’extension basse ou procurer l’impact puissant du boomer de 25 cm des GX250MG, l’unique transducteur de 13 cm délivre des premières octaves très convaincantes, d’autant plus convaincantes que l’ébénisterie n’y ajoute pas sa dose de résonances propres et que la légèreté et la rapidité d’une si petite membrane contribuent à une excellente articulation. La partition, il est vrai rudimentaire, de la ligne de basse synthétique sur « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong demande cependant un minimum de tenue des haut-parleurs pour ne pas se transformer en mélasse acoustique. C’est justement là que les Fostex déjouent les habituels clichés à propos des petits haut-parleurs en proposant un grave tendu et dense.

Médium : La filiation avec la GX250MG ne fait aucun doute à l’écoute de ces colonnes. La fusion des registres est remarquable grâce à l’utilisation de membranes de matériau similaire sur la zone de fréquences la plus sensible et la plus fondamentale du spectre audible. Sur le largo du Concerto n° 5 pour piano de J.-S. Bach, les variations chromatiques du clavier sont distillées avec une consistance harmonique remarquable, sans impression de navigation entre les transducteurs de médium et d’aigu et sans rupture tonale. Le réglage de niveau à l’arrière de l’enceinte permettra, dans le cas d’association avec un système à l’équilibre ascendant, de maîtriser la légère présence qui pourrait apparaître, sur certaines voix féminines notamment.

Aigu : Le registre développé par les Fostex se caractérise par une énergie et une vivacité de restitution très supérieures à la majorité des dômes souples, d’une part, et par un fouillé harmonique de belle facture, d’autre part. Tout comme le modèle à dôme de 25 mm des GX250MG, le tweeter en magnésium pur mis en œuvre sur cette colonne file haut et vite sans l’agressivité souvent délivrée par les dômes en aluminium ou en titane. Il lui manque peut-être un peu de la délicatesse, un peu de ce côté organique du gros modèle, mais on chavire néanmoins pour sa spontanéité naturelle.

Dynamique : Sur le papier, un rapide calcul montre que la sensibilité moyenne des Fostex est compensée par une puissance admissible tout à fait correcte. De bon augure donc pour une restitution globalement crédible des modulations diverses et variées. Dans les faits, cette sensibilité nous a même semblé subjectivement supérieure aux chiffres annoncés. Les frappes de boule sur la grosse caisse (piste « Dis-le » par Baz Baz) produisent des impacts très plausibles, la sensation de matière sonore est réelle. Les micromodulations bénéficient elles aussi de l’analyse minutieuse des enceintes, à l’image des percussions sur « Moonlight on Spring River » dont les couleurs tonales et les hauteurs de note restent très correctement différenciées par les Fostex.

Attaque de note : Avec ses haut-parleurs de petit diamètre qui sont installés dans une caisse très inerte et dont les membranes ont une structure particulièrement rigide, la G1302MG dispose d’atouts majeurs pour délivrer une restitution neutre. La vélocité des transducteurs répond en rythme et en phase aux attaques de note sans ajout de coloration qu’une membrane fractionnant ou une ébénisterie accordéon pourrait induire. La déclinaison harmonique obtenue se rapproche ainsi de l’originale (remarquable piqué des cordes de la contrebasse sur « My Treasure » par Sinne Eeg), le message distillé gagne ainsi en réalisme.

Scène sonore : Les Fostex mettent en place une scène sonore proche de celle des meilleures compactes, un résultat plutôt inespéré de la part d’une colonne. En revanche, l’ampleur et la sensation d’espace sont supérieures : merci au registre grave rapide mais néanmoins consistant qui n’embrume pas la restitution. Les proportions géométriques virtuelles calquent celles que nous obtenons avec nos enceintes repères. Le détourage obtenu est même peut-être un poil supérieur, la focalisation et l’étagement des plans sont très précis. Simone Kermes interprétant « Ha Vinto Amor » se détache naturellement de l’orchestre, on devine les légers déplacements de la soprano.

Transparence : Nous avons écouté les G1302MG sur différents répertoires musicaux, modernes et classiques, simples et complexes, instrumentaux et vocaux, et avons éprouvé beaucoup de plaisir dans tous les cas. La bande passante s’avère linéaire et cohérente du grave à l’aigu, les timbres justes et la spontanéité générale insufflent une belle vivacité au discours des Fostex. Ces colonnes démontrent par ailleurs qu’il est possible de servir un grave de bonne qualité sans qu’il soit nécessaire de multiplier les haut-parleurs.

Qualité/prix : Pour un peu plus de 5 000 euros, ces G1302MG seront à vous. Plus qu’une simple colonne trois voies, ces enceintes embarquent un sérieux catalogue technologique (haut-parleurs uniques, ébénisterie sophistiquée, finition de première classe) qui aboutit à une écoute à tendance vitaminée dès les premières octaves. Enfin, elles ne nécessitent pas un amplificateur forcément très puissant pour s’exprimer, ce qui constitue un argument de plus en leur faveur. Dans ce créneau de prix, les G1302MG sont incontestablement plus qu’un simple challenger.

Verdict
Avec la colonne G1302MG, Fostex a décliné une enceinte dans le même esprit technologique et sonore que sa grande cousine de la série GX testée dans nos locaux de Suresnes, mais sous un format plus compact et pour un budget presque moitié moindre. La fabrication, qui reste ultra-soignée, s’étoffe de la même finition exemplaire. On retrouve à l’écoute les signes sonores distinctifs qui nous avaient interpellés avec les GX250MG comme notamment une bande passante homogène, un grave pêchu mais palpable, un médium aigu tonique et une scène sonore holographique. Il ne restera plus aux mélomanes qu’à se faire une idée concrète de ce dont sont capables ces G1302MG, ce que nous leur recommandons fortement.

Fiche technique
Origine : Japon
Prix : 5 490 euros
Dimensions : 275 x 1 056 x 306 mm
Poids : 30,3 kg
Réponse en fréquence : 45 Hz – 55 kHz à -10 dB
Sensibilité : 85 dB/W/m
Impédance nominale : 6 ohms
Puissance admissible : 100 W RMS
Finition : laque noire ou ébène

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