DAC

AYON CD-1SX

Le lecteur de CD Ayon CD-1sx est la dernière-née des réalisations numériques du constructeur autrichien Ayon. Il s’agit d’une refonte du précédent modèle CD-1sc sur lequel ont été greffées quelques nouvelles technologies. Les performances techniques progressent et la musicalité déjà excellente avec le 1sc monte encore en qualité.

Le constructeur autrichien fait partie des concepteurs électroniciens qui assaisonnent toujours leurs plats avec un zeste de triode. Il va même jusqu’à fabriquer certains des tubes équipant ses amplificateurs de puissance en République tchèque, des « super-triodes » comme l’AA 62B capable de sortir 33 W en classe A simple tube. La gamme Digital propose quatre lecteurs de CD dont le CD1-sx, tous pourvus d’étage de sortie à tubes.

Le tube et le Sabre
L’Ayon CD-1sx est installé dans le châssis traditionnel Ayon en aluminium noir ou chromé à angles arrondis. L’afficheur à diodes LED rouge en face avant informe sur l’état des opérations en cours. L’appareil également utilisable en DAC dispose en face arrière d’entrées numériques dont une USB B. On découvre par ailleurs un set de trois interrupteurs (sélection RCA ou/et XLR en sortie analogique sur chaque voie, niveau de gain de l’étage de sortie Low ou High, sortie Normal ou Direct Amp). Le niveau des sorties analogiques peut être réglable, on peut alors utiliser l’appareil en liaison directe avec un bloc de puissance. Dans ce dernier cas, il est conseillé de le raccorder à la sortie Direct Amp dont le niveau est automatiquement ramené à -40 dB à chaque allumage par l’interrupteur sous la face avant. Le transport CD à palet presseur magnétique est situé sur le châssis, sous un couvercle massif en acrylique teinté. La suspension de la mécanique d’origine Stream Unlimited a été modifiée pour améliorer l’isolation aux vibrations. Sept poussoirs à impulsions devant le transport permettent de piloter le transport, de sélectionner une entrée et d’ajuster le volume. Une télécommande duplique ces commandes et sa touche Vol(ume) Sel(ect) permet de rendre fixe et maxi le niveau analogique en sortie. Côté numérique, un DAC ESS Sabre 9018 traite les données sur 32 bits et 192 kHz. L’entrée USB transite par un chip XMOS, et les datas S/PDIF sont isolées galvaniquement par un transformateur TRXCom. Un upsampling 24/192 pour le lecteur de CD ainsi que deux filtres numériques peuvent être sélectionnés par la télécommande. L’étage de sortie dédié et séparé pour chaque canal met en œuvre une double triode 6H30 très vraisemblablement en montage cathodique vu la faible impédance de sortie. Un transformateur R-Core précédé d’un filtrage secteur amélioré génère notamment la haute tension redressée par une valve 6X4 suivie d’un nouveau filtrage à inductance. On ne note pas moins de dix régulateurs de tension pour tous les autres étages.

Fabrication et écoute
Nous avons écouté l’Ayon CD-1sx en lecteur de CD et en DAC USB à partir d’un ordinateur iMac avec logiciel Pure Music et fichiers en 16/44 natif. Nous avons opté pour la lecture de CD sans suréchantillonnage et filtre 1 à pente douce avec notre système. Cette disposition nous a procuré l’écoute la plus pleine, la plus charnelle, la plus crédible selon nos critères subjectifs d’évaluation. Les résultats extrêmement sereins et musicaux du Ayon seul en mode direct avec le bloc stéréo nous ont incités à tester l’appareil de la sorte, même si l’usage d’un bon préampli apporte un léger supplément d’ampleur et une focalisation subtilement plus nette.

Construction : Le CD-1sx déploie le même haut degré de finition et d’assemblage que le S5 testé en septembre dernier, la connectique est de premier ordre et la télécommande parfaitement intuitive ne pose aucun problème de manipulation. La préférence donnée à l’implantation sur circuits imprimés dont le trajet des pistes a été optimisé a permis une réduction importante du câblage dont on connaît l’aléatoire influence sonore.

Composants : L’appareil a été amélioré par rapport au CD-1sc avec notamment l’utilisation d’un DAC ESS Sabre et l’introduction d’une cellule de filtrage de type LC pour l’alimentation des tubes de sortie. On apprécie l’attention tout audiophile apportée au choix des composants analogiques dont des condensateurs Mundorf Supreme et Elna Cerafine. Une attention par ailleurs mûrement raisonnée qui prend en compte le rapport qualité sur prix final de l’appareil. Le chemin emprunté par le signal est extrêmement court aussi bien au niveau du schéma de principe que de la réalisation.

Grave : Après une petite heure de mise en chauffe, le CD-1sx développe un message ample, plein, assis, goûteux. Il y a du volume dans l’air et de la chair autour des notes. Le grave généreux n’est peut-être pas le plus tendu du monde (y compris avec le préampli inséré) mais il descend très bas pour établir une assise très confortable. Les violoncelles du Concerto n° 5 de Bach (CD test Cabasse) cadencent et structurent la partition avec un soupçon d’emphase dont on apprécie in fine le charme.

Médium : L’Ayon CD-1sx scrute délicatement le registre, et les étages de sortie à tubes ne sont certainement pas étrangers à cela. La justesse des timbres s’impose avec évidence grâce à une très grande variété tonale et à une palpabilité des notes bien au-dessus de la moyenne. Chaque partition est distillée avec un étonnant cortège de détails et de modulations, le dégradé harmonique est très documenté. La véracité de la voix et le grain unique de La Callas interprétant « Caro Nome » du Rigoletto de Verdi transmettent grâce au Ayon une émotion qui noue rapidement la gorge.

Aigu : La mise au point du CD-1sx semble avoir été conduite avec le souci permanent du respect de la structure originale du signal entrant. Beaucoup de produits numériques ont la fâcheuse tendance à insister sur l’ultra-analyse et l’hyperdéfinition sous prétexte que les formats d’échantillonnage les plus avancés le permettent. Mais ils le font la plupart du temps au détriment de la saveur, du fruité et de la texture contenus dans le signal. Ici l’aigu fusionne parfaitement et forme un tout avec le médium sans remontée artificielle dans l’extrême. À peine constate-t-on une légère luminosité tout en haut (sifflantes un peu appuyées sur la voix de Patricia Barber, piste « Gotcha »). En revanche, aucune agressivité ou autre verdeur ne vient troubler la fluidité générale du message.

Dynamique : La restitution des micromodulations ne pose aucun problème d’intelligibilité ni de répartition d’amplitude. Le « Ha Vinto Amor » interprétée par la soprano Simone Kermès s’établit dans un environnement légèrement réverbérant que l’Ayon restitue avec aisance et crédibilité. Sur les pointes plus violentes comme ceux des impacts de la boule de pied sur la grosse caisse (piste « Animal » par Francis Cabrel, CD Sarbacane), la sensation d’énergie est bien présente sans phénomène de compression gênant.

Attaque de note : L’Ayon dévoile une belle vivacité et une grande acuité dans la déclinaison tonale qui suit une attaque de note. La composition fournie et cohérente du dégradé harmonique restitué par l’appareil insuffle beaucoup de naturel et d’ampleur au message ainsi qu’une lisibilité tout à fait remarquable. Le développement très structuré des notes se termine par des extinctions qui filent sans retenue notable.

Scène sonore : La présentation spatiale s’établit dans un décor assez similaire à celui que dresse habituellement notre système repère. La « connivence » technique entre les étages de conversion numérique et ceux analogiques de sortie du Ayon est évidente. La focalisation nette des différentes sources d’émission sonores (interprètes, instruments, bruits d’ambiance, réverbérations, etc.) crée un champ de vision virtuelle tridimensionnel. L’étagement en profondeur façonne un peu plus le relief du message.

Transparence : Nous avons trouvé dans l’écoute de cette électronique une trame musicale à forte teneur analogique en termes d’expressivité et d’épaisseur. Ce sont deux notions souvent gommées voire absentes dans beaucoup de réalisations concurrentes. S’il fallait définir en quelques mots l’Ayon CD-1sx, nous dirions qu’il est globalement neutre et surtout vecteur de vraies émotions. Il y a de l’âme et de la diversité dans la restitution que nous propose ce lecteur DAC.

Rapport qualité/prix : Pour moins de 4 000 euros, voici un lecteur de CD de grande qualité qui se voit doté d’un convertisseur performant équipé d’une entrée USB asynchrone capable de travailler avec les formats haute résolution du moment, et d’un étage de sortie adaptateur d’impédance à triodes, les mêmes utilisées sur les préamplificateurs très haut de gamme d’Audio Research ou de Lamm notamment. Le volume réglable et la faible impédance des sorties autorisent son utilisation avec un bloc de puissance (Ayon en fabrique de très bons). Ça simplifie la vie…

Verdict
Ce n’est pas la première fois qu’une électronique Ayon nous séduit, et ce n’est probablement pas la dernière. Ce lecteur CD-1sx assez sophistiqué au niveau technique est certainement un des tout meilleurs lecteurs intégrés que nous ayons testés jusqu’à maintenant dans cette catégorie de prix. La fabrication sérieuse et la simplicité d’utilisation en font un candidat de choix si l’on désire se constituer un système de grande qualité et de prix raisonnable avec un minimum de maillons.

Fiche technique
Origine : Autriche
Prix : 3 995 euros
Dimensions : 480 x 120 x 360 mm
Poids : 13 kg
Réponse en fréquence : 20 Hz – 20 kHz à ± 0,3 dB
Distorsion par harmonique : < 0,001 %
Rapport signal sur bruit : > 118 dB
Niveau de sortie : 2,5 V RMS (gain « low », variable), 5 V RMS (gain « high », variable)
Impédance de sortie : 300 ohms (RCA et XLR)
Entrées : 1 RCA S/PDIF, 1 optique Toslink, 1 USB B asynchrone (24/192 et DSD)
Sorties : 1 RCA S/PDIF 75 ohms, 1 RCA analogique, 1 XLR analogique

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