SONUS FABER VENERE SIGNATURE

La gamme Venere est un avant-goût des séries plus ambitieuses du fabricant italien. Le travail esthétique et technologique prend de l’altitude sans que le prix ne décolle outre mesure. La colonne Venere S est un parfait exemple de cette approche visant à satisfaire le plus grand nombre de mélomanes. 

On jurerait que la Venere S (pour Signature) est une colonne très exclusive d’un excellent constructeur d’enceintes. En réalité et sans aucune connotation péjorative, elle n’est que le modèle phare d’une série de milieu de gamme du célèbre fabricant Sonus Faber.

La touche Sonus Faber

La S occupe une place à part dans la famille Venere constituée de cinq modèles. Elle est la seule Venere à être entièrement assemblée à la main dans les locaux d’Arcugnano, au nord de l’Italie. Disponible en laque noire ou blanche, ou en finition bois, cette colonne trois voies comprend cinq haut-parleurs de conception Sonus Faber dont trois dédiés au grave. Ils sont tous installés sur la face avant très étroite d’une ébénisterie fuyante et galbée dont la paroi supérieure, recouverte d’une plaque de verre, est inclinée. Le fond où débouche l’évent cylindrique repose sur un socle en aluminium brossé reposant sur quatre cônes réglables en hauteur.

La charge bass-reflex profite de l’absence de parois parallèles et de renforts internes pour ne pas introduire de phénomènes vibratoires. Une couronne d’aluminium enjolive les fixations des saladiers de haut-parleurs. Ceux de grave de 180 mm de diamètre possèdent un cône et un cache-noyau concaves en aluminium sur une suspension en demi-rouleau souple. Le médium de 15 cm intervient vers 250 Hz, la membrane est en « Cury », un thermo-moulage de polypropylène et de textile. Une ogive centrale de décompression supprime les résonances éventuelles en fond de cône. Quant au tweeter découplé du baffle par un matériau viscoélastique, il dispose d’un dôme enduit DKM de 29 mm qui reproduit les fréquences supérieures à 2 500 Hz. Les quatre bornes de sortie sont rattachées à un filtre non résonant de type « paracross » à pentes de coupures progressives. 

Fabrication et écoute

Construction : Les enceintes de ce constructeur italien ont toujours reçu une finition hors pair et une esthétique sublime. C’est l’élégance italienne au sommet. Le dessin est superbe, la qualité d’assemblage est impeccable, rien ne dépasse, tout est parfaitement mis en place. Même le socle et les pointes ont une allure racée.

Composants : Comme sur la plupart des autres modèles de la marque, les technologies retenues pour les haut-parleurs de la Venere S font appel à des procédés spécifiquement développés sur cahier des charges Sonus Faber. L’absence absolue de parallélisme des parois de l’ébénisterie bannit l’apparition de toniques et autres résonances. Et l’évent court et de grand diamètre qui débouche sous l’enceinte rend le positionnement des colonnes plus aisé dans la pièce d’écoute.

Grave : Dès les premières mesures, on est surpris par le côté aérien et « qui plaît d’emblée » de la restitution. Concernant le grave, les enceintes équipées de plusieurs haut-parleurs ont une tendance généralisée à rendre le message légèrement volumineux dans cette zone de fréquences, avec une assise King Size, comme diraient les Américains. Rien de cela avec les Venere S qui délivrent un grave plein, certes un poil généreux mais plutôt bien articulé et sans tonique de boîte. L’exploration des soubassements est satisfaisante, les Venere S structurent le bas du spectre avec une conviction certaine et un bon délié des notes.

Médium : Cette tendance à « sonner juste » se retrouve dans la bande de fréquences médianes. Aucun effet de masque n’est généré dans le haut grave malgré les trois boomers, ce qui contribue à ne pas souiller la définition dans cette région souvent embrumée. Par ailleurs, la bonne définition et la justesse des timbres ne trahissent jamais les intentions des artistes, les Venere S nous entraînent sans difficulté dans les méandres tonals de chaque partition. Sur la piste « Ha Vinto Amor » interprétée par Simone Kermes dont le spectre vocal balaie large, la fusion entre le grave et le médium est inaudible grâce à une excellente harmonie de timbres.

Aigu : Sur la même piste, on note rapidement que le tweeter déborde de vitalité et d’énergie. Sans devenir montante, l’écoute manifeste un soupçon de présence tout en haut, ce qui se traduit par des « s » très légèrement appuyés sur la voix de Simone Kermes notamment. Absolument rien de contrariant dans la mesure où les Sonus Faber sont insérées dans un système équilibré. Le bon côté de la chose est le côté piqué de la restitution qui ne fait l’impasse sur aucun détail d’ambiance et étend la résolution des extinctions de notes.

Dynamique : En termes d’énergie subjective et de puissance ressentie, les Venere S ne déçoivent pas. La contrebasse sur la piste « My Treasure » par Sinne Eeg s’affiche avec une belle présence, on ressent bien le gros diamètre des cordes frottées au moment de l’attaque des doigts, et les sonorités de la caisse de résonance dépeignent un volume très crédible. Quand on écoute à bas niveau, la microdynamique dans le médium aigu module sans compter et l’équilibre conserve une bonne linéarité.

Attaque de note : La faible masse mobile des haut-parleurs de grave et de médium associée au filtrage optimisé en phase aboutit à une lecture respectueuse du contenu du message. À l’évidence, c’est une des raisons pour laquelle les Venere S donnent cette impression d’évidence tonale dès qu’on commence à les écouter. Les colonnes italiennes préservent la cohérence harmonique de la trame musicale.

Scène sonore : Outre les spécificités techniques énoncées juste auparavant, les Sonus Faber bénéficient aussi d’une ébénisterie particulièrement fine, élancée, galbée et exempte de parois parallèles. Les ondes internes comme externes se propagent sans contrainte et développent une réponse en fréquences d’une grande régularité, ce qui permet aux colonnes italiennes de proposer une scène sonore ample et bien étagée en profondeur. La focalisation et l’image stéréo restent précises sans nécessité de rechercher « le » sweet spot.

Transparence : Le bilan subjectif des Venere S est plus que positif. Le registre de grave démontre une belle agilité. Nous avons notamment été convaincus par la vélocité de la restitution sur toute la bande passante de belle extension. L’excellent pouvoir de résolution boosté par un aigu vivace ne devra pas être pollué par des maillons externes à tendance montante. Un point important qui nécessitera donc un choix attentif des éléments associés à ces belles italiennes. Elles le valent bien.

Rapport qualité/prix : Les Venere S ont de nombreuses cordes à leur arc prêt à décocher quelques flèches en direction des mélomanes esthètes. Elles sont très élégantes, elles sont fabriquées à la perfection, elles chantent avec beaucoup de talent, leur répertoire musical est universel et leur prix reste très mesuré par rapport à la concurrence. Que faut-il ajouter de plus ?

Verdict

Certains fabricants de matériel haute-fidélité se sont démarquées d’une façon ou d’une autre de la production mondiale. L’italien Sonus Faber est toujours de ceux-là. De l’entrée de gamme jusqu’au sommet du catalogue, chaque enceinte possède un petit quelque chose en plus qui la différencie d’une concurrente. La Venere S propose un bouquet de qualités pas si simple à retrouver dans cette tranche de prix. Elles impliquent l’auditeur dans ce qu’il écoute après l’avoir séduit par leur superbe esthétique.

Fiche technique

Origine : Italie
Prix : 5 500 euros
Dimensions : 391 x 1 236 x 477 mm
Poids : 28,8 kg
Réponse en fréquence : 40 Hz – 25 kHz
Impédance nominale : 4 ohms
Sensibilité : 90 dB/2,83 V/m
Puissance admissible :  < 300 W

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