Cette société britannique, qui mériterait bien d’être encore plus connue, existe depuis 35 ans, sous la direction de Michael Creek en personne. Ce dernier commença donc à créer en 1981 des produits de qualité à prix abordables, une philosophie, toujours d’actualité, héritée de son père…
Le Creek Evolution 100CD, issue d’une gamme de produits très réussie et harmonieuse, peut faire office de transport ou de lecteur de CD, mais aussi de platine de lecture, grâce à ses sorties numériques S/PDIF optique et coaxiale. Mais le constructeur a ajouté six entrées externes : quatre S/PDIF dont deux optiques, et un port USB de type B (embase « carrée »), toutes acceptant le 192 kHz/24 bits au maximum. Le Bluetooth occupe la sixième entrée. Mais ce n’est pas tout : le Creek dispose d’un réglage de volume électronique (un encodeur remplaçant un antique potentiomètre).
L’Evolution 100CD intègre donc un préamplificateur numérique, pour la seule raison qu’il ne dispose d’aucune entrée analogique. L’ajustement du volume est effectué dans les deux convertisseurs Wolfson WM8742, montés en double différentiel. Ils proposent un réglage du volume au pas de 0,125 dB. Il ne manque plus qu’ampli de puissance et des enceintes pour écouter de la musique ! Ou encore un casque, en exploitant la sortie idoine, alimentée par un double amplificateur opérationnel JRC 4556… Justement, jetons un coup d’œil à l’intérieur.
L’idée de l’intégration s’appuie grandement sur les deux convertisseurs précités : en plus de la conversion numérique/analogique et de la gestion du volume, les deux Wolfson (filiale de Cirrus Logic depuis 2014, soit dit en passant) proposent aussi, en plus de leur résolution sur 32 bits au maximum, des filtres numériques répartis sur cinq présélections, accessibles depuis la télécommande fournie.
Il s’agit de compromis mettant un paramètre en avant, comme la phase minimale ou linéaire, par exemple, et quelques autres variantes dont le choix est laissé à la subjectivité de l’auditeur. C’est vous qui voyez !
La gestion des entrées numériques est assurée par une interface WM8805 pour le PCM. Ce circuit présente une excellente précision grâce à un circuit à verrouillage de phase (PLL pour Phase Locked Loop) conçu pour réduire le jitter. Le module de réception des signaux en provenance de l’USB dispose de sa propre carte, de même que la réception du Bluetooth, elle aussi indépendante. En effet, le Creek s’appuie sur une structure modulaire, qui pourra faciliter d’éventuelles mises à jour matérielles. L’alimentation mobilise un filtre secteur, un transformateur torique d’environ 30 VA, des diodes rapides, près de 20 000 µF de découplage et de nombreux régulateurs de tension.
En sortie des convertisseurs, les étages analogiques s’articulent autour d’amplificateurs opérationnels Burr-Brown OPA2134. Le filtrage de sortie fait appel à des excellents condensateurs WIMA au polypropylène. Michael Creek et son équipe ont accompli du beau travail, c’est peu de le dire !
Construction : Les différents sous-ensembles sont bien séparés les uns des autres, dans une disposition très rationnelle à l’intérieur d’un coffret « taille basse » esthétiquement très réussi. Le client final a la possibilité de le choisir en aluminium brossé ou en anodisé noir.
Composants : Le concepteur a choisi des composants à haute intégration, comme les amplificateurs opérationnels 2134, les convertisseurs Wolfson (filiale de Cirrus Logic) fonctionnant en double différentiel (2 convertisseurs stéréo) et d’autres composants dernier cri, montrant la maestria du constructeur dans la conception des cartes modulaires.
Grave : Le bas du spectre, ferme et finement articulé, est très agréable à l’écoute, dans une saveur tout analogique, qui est bien le moindre des compliments que l’on puisse formuler à l’égard de ce Creek. On peut évoquer la chaleur du registre grave et une articulation dépassant allègrement toute attente, le tout faisant preuve d’une musicalité attachante.
Médium : L’ouverture de ce registre s’impose immédiatement aux oreilles, la bande médiane étant restituée dans une cohésion des timbres où l’agressivité n’a pas sa place, au profit d’une belle cohésion des timbres, ne manquant ni d’allant, ni d’authenticité.
Aigu : La richesse des timbres relevée dans cette partie du spectre s’avère très satisfaisante et bien nuancée, en raison de sa fluidité et de son équilibre dans une restitution tout analogique, et c’est le meilleur compliment que l’on puisse lui attribuer. L’aigu ne manque pas de finesse et de définition.
Dynamique : Le Creek Evolution 100CD suit à la perfection les écarts de niveaux instantanés gravés sur les disques, de même que les moindres inflexions liées à l’interprétation musicale, fort bien retranscrite, y compris en allant chercher le petit détail sur le disque Soundcheck de l’ingénieur du son Alan Parsons. Même ce CD n’a pas permis de mettre en difficulté ce Creek, le suivi dynamique étant irréprochable.
Attaque de note : Au vu de ce qui précède, on ne s’étonne pas de constater que les attaques de notes soient restituées de manière soignée et très spontanée. Cette réponse rapide s’inscrit dans l’impression générale qui se dégage de cet appareil, tant il est apte à reproduire les petites nuances, sans verser dans la simplification, même sur les pianissimo, qui conservent une excellente définition.
Scène sonore : Le soin relevé sur les attaques de notes contribue à la localisation des sources musicales et assoit une scène sonore cohérente et précise, en respectant les ambiances avec une fidélité tout analogique. L’Evolution 100CD sait se montrer fidèle dans la restitution de plages musicales pouvant montrer un équilibre inattendu, comme sur l’album Grace & Danger de John Martyn, où lequel la batterie de Phil Collins se trouve à gauche dans l’image stéréo, sans que cela ne déséquilibre le moins du monde la restitution qui ne perd jamais sa cohérence.
Transparence : Ce Creek se montre très cohérent dans sa restitution. Il ne colore pas le son, et les cinq positions du filtre numérique jouent des nuances sans jamais dénaturer la restitution musicale, parce que ce procédé n’affecte pas la transparence, en s’appliquant à contrôler des paramètres annexes. Quel que soit le choix d’un filtre parmi cinq, le Creek conserve sa musicalité et sa transparence, sans dégradation des timbres.
Qualité/prix : En cette époque où les constructeurs de matériel haute-fidélité recherchent l’intégration des fonctions, le constructeur britannique propose, pour moins de 2 000 euros, un appareil qui fait à la fois office de lecteur/rippeur de CD, de DAC et de préamplificateur à entrées numériques avec sortie casque, et qui le fait très bien. On en a vraiment pour son argent ! Le rapport qualité/prix est donc plus que favorable.
Beau produit, très bien fini et performant, le « plumage » du Creek Evolution 100CD vaut son « ramage », comme aurait pu le dire Jean de La Fontaine s’il avait pu être audiophile… Vous l’avez compris, ce Creek expose sa belle cohérence, entre une esthétique sobre et une ergonomie réussie, d’une part, et une musicalité à toute épreuve, se jouant avec brio de toutes les difficultés, d’autre part. Son prix alléchant mérite tout l’intérêt de celui qui cherche un appareil très bien conçu, auquel il ne faudra, au moins, ne raccorder qu’un ampli de puissance (pourquoi pas un Creek Evolution 100P ou 50P) et de bonnes enceintes (des Epos, de la même maison) afin qu’il puisse s’exprimer en toute musicalité. Un grand bravo !
Origine : Royaume-Uni
Prix : 1 950 euros
Dimensions : 430 x 60 x 280 mmPoids : 5,5 kg
Entrées numériques : une USB, quatre S/PDIF dont deux optiques et une sans fil Bluetooth
Résolution des entrées numériques (sauf Bluetooth) : 192 kHz sous 24 bits maximum
Platine de lecture CD : réalisée sur spécification, base CD-ROM à synchronisation externe
Rapport signal sur bruit : >115 dBA
Distorsion harmonique totale : 1 kHz à 0 dBFS : 0,001 %
Réponse en fréquence : de 20 Hz à 20 kHz ± 0,1 dB
Séparation des canaux : > 95 dB de 20 Hz à 20 kHz, > 110 dB typiques à 1 kHz
Filtre numérique : 5 présélections différentes
Sorties numériques : une coaxiale et une optique
Sorties analogiques : 2 V/47 ohms (Cinch), 4 V/94 ohms (XLR)
Sortie casque : impédance de sortie 22 ohms