Voici 44 ans, la Technics SL-1200 a commencé à tourner dans les salons de particuliers, en tant que source de leur chaîne haute-fidélité. Puis, en 1978, apparaît le modèle SL-1200 Mk2 qui révolutionna le genre pour les décennies qui suivirent.
La SL-1200 revient dans une nouvelle version largement perfectionnée de la plus populaire des platines au monde ! Sur la durée, la Technics SL-1200, platine phono haute-fidélité, s’est bonifiée. La première mouture ne possédait pas tous les raffinement de la Mk2, tant s’en faut : cette version s’est installée chez les amateurs avertis, qui ne refusaient pas une platine à entraînement direct. Puis les disc-jockeys se sont intéressés à ces SL-1200 Mk2, en raison de leur socle très lourd en composite de caoutchouc qui atténuait fortement le Larsen…
Son excellent bras en “S”, doté de son support à cardan sur point d’origine unique, réduit l’erreur de parallaxe avec le sillon du disque. Le faible entretien, heureuse conséquence d’une belle robustesse, subissait parfois (rarement) une panne connue sur l’asservissement du moteur, dont le capteur crénelé, situé sous le capot, était jumelé à un système de cellule photoélectrique… Lorsque j’ai travaillé à Maxximum, future RTL2, j’avais installé dans le studio de production des Technics SL-1210 Mk2, (des SL-1200 noires), pour le plus grand bonheur des DJs. Le modèle au-dessus, la SL-P10, bien plus chère, équipait nombre de radios (RFM, notamment), pour leur plateau de 38 cm et leur démarrage de 250 ms, mais elles sont surpassées (au temps de démarrage près) par cette nouvelle SL-1200G.
Puis, un jour, Technics cessa son activité, et le silence dura six ans. Des concurrents comblèrent ce manque et se mirent à fabriquer des clones de SL-1200 Mk2, avec plus ou moins de succès, tels que Pioneer, Audio-Technica, Audiokarma, Numark, Gemini, Sherwood, Marantz, Denon, preuve que la conception était excellente pour générer autant d’imitations ! Nous n’avons mentionné ici que les plus dignes de ces clones, car la liste est fort longue !
En 2016, après six ans de silence, Panasonic Technics annonce le retour de la SL-1200, dans une version largement améliorée, la SL-1200 GAE et… limitée à 1 200 exemplaires, vendus en seulement 30 minutes ! Fort de ce succès quelque peu inattendu pour l’époque, Panasonic se mit à refabriquer la nouvelle version, SL-1200G sur laquelle tout ou presque a été revisité, en s’inspirant de l’édition limitée : le moteur à entraînement direct, à double rotor, intègre un microprocesseur pour éliminer toute vibration. Il est plus puissant que les “Mk2” pour entraîner le plateau vissé de 3,6 kg de laiton sur base d’aluminium. L’asservissement est désormais intégré au haut-moteur. La platine démarre toujours en 700 ms pour atteindre les 33,33 tours/minute. Le bras de 230 mm en “S” a été réalisé en aluminium (magnésium sur la version limitée) étiré à froid pour une meilleure rigidité. Ce bras, qui rivalise sans problème avec des modèles « audiophiles », présente un angle de 22° avec le plateau, et son erreur de piste ne dépasse pas 2°.
Construction : La nouvelle version commercialisée s’apparente fortement à l’édition limitée et numérotée, SL-1200GAE, dont les 1 200 exemplaires se sont écoulés en seulement 30 minutes ! La partie supérieure du coffret a délaissé le plastique argenté des Mk2 au profit d’une plaque de fonte d’aluminium massif de 10 mm d’épaisseur, montée sur le fameux matériau composite anti-Larsen et autres résonances, un procédé ayant fait ses preuves depuis 38 ans ! Le plateau tourne-disque associe le laiton sur base d’aluminium, mû par un moteur à entraînement direct plus puissant et muni d’un ajustement de couple et d’un frein électronique réglable… Tous les points cruciaux ont été revisités, pour le plus grand bonheur des audiophiles… et des DJ…
Composants : Le constructeur a opté pour un moteur plus puissant que les modèles précédents, avec un ajustement du couple de démarrage et du frein électronique du plateau. Le bras a été revu et présente des contrepoids additionnels pour les cellules lourdes. Le curseur du pitch possède une amplitude plus étendue et le point central à repère mécanique a disparu, au profit d’un bouton de « reset » indiquant le retour à la vitesse de rotation nominale.
Grave : La SL-1200G nous fait oublier tous les travers et limitations des platines analogiques, tant le registre grave, même chargé, semble léviter, sans aucun couplage mécanique audible avec le sol. Cela ne nuit absolument pas à sa consistance, comme on peut le vérifier à l’écoute du double album The Wall de Pink Floyd, où la batterie de Nick Masson est volontairement lourde par endroits. La définition de ce registre est superbe !
Médium : Le médium est surprenant, dans le sens où sur des disques écoutés et réécoutés maintes fois, on découvre encore quelques détails ici et là ! Sur l’album vinyle Grace & Danger de John Martyn, on découvre un peu plus des subtilités du jeu inspiré de Phil Collins, sur tous les morceaux, merci à la SL-1200G équipée d’une cellule Goldring 2400 (non, je ne l’ai pas choisie parce que 2400 est un multiple de 1200), à aimant mobile et d’une très belle ouverture sur les voix et les instruments de même tessiture. Une cellule douée d’une belle ouverture, ça ne s’invente pas, et c’est le cas de cette splendide Goldring à prix raisonnable.
Aigu : Tous les registres semblent comme suspendus dans les airs : la finesse et la précision de l’aigu semblent libérées, découplées de toute contrainte mécanique, la restitution gagnant beaucoup en pureté et en définition par rapport à bon nombre de platines du marché. Les aigus présentent un filé remarquable sur une platine analogique, sans perturbation issue du grave par exemple.
Dynamique : Cette évaluation dépend directement du disque lu et de la qualité de la cellule, sachant que les éléments constitutifs de la Technics SL-1200 ne semblent pas influer sur le comportement de la cellule, en raison d’un excellent découplage. Dans la restitution de la dynamique, la seule limite tient à celle du disque vinyle, et à ses contraintes mécaniques de gravure.
Attaque de note : Même constat pour les attaques de notes : la cellule présente des temps de réaction ultrarapides, et fait de son mieux pour restituer dans son intégralité les attaques gravées sur les disques. Ici, si l’on peut dire, le disque joue le rôle de parent pauvre, dans le sens où la finesse de retranscription de la platine et de la cellule lui est largement supérieure.
Scène sonore : Quel plaisir d’écouter des disques vinyle sur une platine d’excellente qualité ! La cellule profite des performances mécaniques de la SL-1200G, grâce à son découplage très efficace, des pieds amortissants au plateau, en passant par le châssis. Nous obtenons donc une scène sonore homogène et large, surtout sur des disques enregistrés avant l’ère du CD. L’ensemble Technics + Goldring présente une scène sonore, sur ce type de vinyle, large et très homogène sans que l’on puisse sentir une quelconque limitation liée aux caractéristiques de la cellule phonolectrice.
Transparence : Ici encore, comme la Technics ne semble pas gêner la liberté de la cellule, c’est à nouveau que l’on évalue la musicalité de la cellule. En effet, elle se distingue par sa capacité à révéler les sons de faible amplitude, avec la même application que ceux qui ont été placés au premier plan. L’association de la platine et de la cellule fait preuve d’une transparence irréprochable, tout comme le préamplificateur phono du Devialet. Bien mis en œuvre, ce trio ne colore pas le message sonore, et ne le simplifie pas non plus. Sur toutes les plages musicales, nous avons redécouvert certains passages aux nuances insoupçonnées, y compris sur la version CD.
Qualité/prix : Quand la Technics SL-1200 a été commercialisée, elle coûtait dans les 1 000 francs, sur les versions les plus élaborées de l’époque, comme la Mk2 de 1978. Depuis, le temps a passé, le coût de la vie a augmenté… Mais surtout, la SL-1200G est le modèle le plus évolué et perfectionné de toute la saga de la platine la plus populaire au monde, avec ses trois millions d’exemplaires vendus.
La quasi-totalité de cette platine a été revue et améliorée, et les performances de haut niveau sont au rendez-vous. Pour un peu moins de 3 500 euros, cette somme à investir se justifie pleinement. Un nouveau succès planétaire en perspective !
Origine : Japon
Prix : 3 490 euros
Dimensions :453 x 173 x 372 mm
Poids total : 18 kg
Diamètre plateau et matière : 332 mm, aluminium et laiton moulé sous pression
Poids plateau (avec tapis caoutchouc) : 3,6 kg
Entraînement : direct, moteur à courant continu, sans balai
Vitesse de rotation : 33,33 tours/min, 45 tours/min et 78 tours/min
Plage du pitch : ± 8 %ou ±16 % (touche “X2”)
Couple de démarrage : environ 33 newtons/mètre; Temps de démarrage de 0 à 33,33 tours/minute : 700 millisecondes (0,7 s)
Freinage : système électronique
Pleurage et scintillement : 0,025 % RMS
Niveau de bruit (rumble) : -78 dB non pondéré, -98 dB pondéré
Coquille porte-cellule/poids : connecteur classique RETMA, 7,6 g
Poids de cellules utilisables (coquille comprise) : de 10,0 à 16,4 g,ou de 18,7 à 25,1 g (avec petit contrepoids auxiliaire),ou de 23,0 à 28,5 g(avec gros contrepoids auxiliaire)