La firme japonaise bien connue propose pas moins de six amplificateurs pour casques dont la plupart intègrent un DAC. Le HP-V1, portable, déroge à cette règle, mais possède l’une de ses deux sections de gain à tubes, d’où le V de sa référence (V pour valve : tube). En revanche, ceux du HP-V8 s’appuient exclusivement sur cette technologie vintage.
Ce Fostex se consacre exclusivement aux casques, malgré sa taille et ses étages de gain. L’entrée se contente d’une seule entrée ligne stéréo asymétrique sur Cinch d’excellente qualité. Il offre le choix entre deux sorties ne fonctionnant pas en simultané : un sélecteur commute soit la sortie classique sur jack 6,35 mm, soit une sortie dite « symétrique » sur une embase XLR4. Le fait de passer de trois contacts (jack) à quatre (XLR) permet de séparer les masses des deux oreillettes, ce qui doit, en principe, améliorer la qualité de restitution.
Cet amplificateur de haut de gamme rassemble des fonctions que l’on ne rencontre quasiment jamais réunies sur un tel appareil. Hormis le sélecteur logique offrant le choix entre les deux sorties jack ou XLR, un rotacteur accorde les caractéristiques de gain et d’impédance, afin d’optimiser la liaison entre l’amplificateur et le casque. Ainsi, l’on peut obtenir la meilleure restitution possible, quel que soit le casque utilisé.
On peut ajuster le volume au moyen d’un encodeur rotatif, commandant un système de contrôle de volume électronique. Un afficheur rouge donne une idée du volume de sortie, réglable de 00 à 99, et une position « - - » pour le mute. Cet afficheur sert aussi pour indiquer le décompte de 10 secondes faisant suite à la pression sur le bouton de sortie de veille, sachant que le commutateur général se trouve sur le panneau arrière. À proximité, un petit interrupteur by-passe le contrôle de volume, laissant à l’utilisateur le soin d’ajuster le niveau de sortie à partir de la source, par exemple. Dans ce cas, le Fostex conserve en mémoire le volume réglé avant d’actionner le by-pass. Autre élément contribuant à la souplesse d’exploitation du HP-V8 : il se met en veille au terme d’une non-utilisation d’une trentaine de minutes, mais on peut désactiver cette option afin d’éviter des phases d’allumage et d’extinction de l’amplificateur, dans le but de protéger les tubes. Des tubes ?
Le Fostex HP-V8 ressemble beaucoup à un amplificateur de puissance pour enceintes à haut rendement. Chaque élément visible semble le confirmer. Et pourtant, cet appareil se consacre exclusivement aux casques, avec sa sortie maximale de 2 W par canal sous 16 ohms. Le constructeur japonais a vu les choses en grand, voire en très grand, en dotant son HP-V8 de trois tubes par canal.
Ainsi, une double triode E88CC se charge de tamponner les signaux entrants au niveau ligne, sur sa première moitié, tandis que la seconde attaque rien de moins qu’une triode de puissance 300B reliée, en sortie, à un énorme transformateur Hashimoto réalisé sur mesure, constitué d’aluminium pour le châssis (2 kg), de plaques en cuivre OFC et d’isolateur en téflon, dans une configuration éliminant bruits et vibrations. L’alimentation intègre un transformateur torique, précédant un montage comprenant une self-induction capotée et un tube KT88 par canal. Il s’agit d’un montage spécifique, le KT-88 et sa self stabilisant l’alimentation et la rendant silencieuse, ce qui explique le rapport signal sur bruit de 115 dB, plutôt rare sur un amplificateur à tubes.
Dès les premières mesures, le Fostex HP-V8 donne libre cours à la musique, tout en nuance, dans ses pleins et ses déliés, grâce à une précision et une consistance hors du commun. Savamment articulé, le registre grave s’exprime sans limite dans le bas du spectre. Ecouter des plages musicales contenant des instruments de musique à la tessiture étendue dans ce registre est un pur régal, comme l’un des exemples les plus intéressants, voire les plus représentatifs, le stick Chapman à 12 cordes de Pascal Gutman sur son album Cascades, que devrait posséder dans sa discothèque tout audiophile averti.
Les six cordes de la section grave du stick tonnent, dans une musicalité exceptionnelle, sans rien perdre de la finesse des harmoniques venant se superposer aux fondamentales. Le caractère très vivant de cet instrument laissait augurer d’une dynamique sans faille du Fostex, ce que nous avons pu vérifier sur d’autres plages, où la réponse conjuguée des attaques de notes et du suivi des variations de niveau instantané fait oublier que nous écoutons de la musique au moyen d’appareils électroniques. Toute plage jouée est mise en valeur dans ce qu’elle a de plus musical et authentique, sans jamais verser dans l’emphase et encore moins dans la caricature.
Les timbres ne subissent aucune coloration, se contentant de ce qu’ils ont de plus beau, leur richesse harmonique d’origine. La scène sonore, que l’on perçoit de manière un peu plus précise au casque que sur des enceintes acoustiques, est à l’image des plages musicales jouées. Hormis le disque Soundcheck d’Alan Parsons, contenant quelques plages enregistrées en plein air, nous avons écouté quelques plages de The Final Cut des Pink Floyd, pour les prises de son en trois dimensions réalisées par les Holophonics des Laboratoires Zucarelli et, là encore, le Fostex HP-V8 fait merveille.
Fostex s’est appliqué au-delà de toute espérance pour réaliser le HP-V8. En effet, il bénéficie d’une conception hors du commun pour un amplificateur de casque, grâce à un schéma original et très pertinent, mettant en scène des circuits de gain constitués d’une double triode ECC88 par canal, suivie d’une triode de puissance 300 B. Le constructeur a soigné les alimentations, en concevant un montage spécifique comprenant, entre autres, une énorme self-induction et une tétrode KT88 par canal, sans oublier des condensateurs électrolytiques et à film de très haut de gamme. Cette débauche technique n’est pas vaine, puisque le Fostex HP-V8 se montre particulièrement musical, précis et articulé, ce qui le rend attachant pour ses belles sonorités travaillées pour concentrer dans un casque les qualités d’un montage à tubes de haut de gamme, en effaçant tout risque de halo, voire de remontée du bruit de fond. Ce Fostex fait la part belle à la musique, et c’est bien tout ce qui compte.
Origine : Japon
Prix : 9 990 euros
Dimensions : 430 x 245 x 416 mm
Poids : 31 kg
Entrée stéréo analogique : 1 asymétrique sur Cinch
Sorties analogiques : 1 asymétrique sur jack 6,35 mm, symétrique sur XLR4
Réponse en fréquence : 20 Hz à 50 kHz
Rapport signal sur bruit : 115 dB
Distorsion harmonique totale + bruit : 0,5 %