Le dernier amplificateur intégré du constructeur norvégien recèle plus d’un atout, en se conformant aux tendances actuelles où l’analogique et le numérique se réunissent en un même coffret.
La tendance du retour à l’amplificateur intégré s’affirme, mais en lui ajoutant des fonctions pertinentes qui complètent une offre grandissante. Ainsi, il est de moins en moins rare de rencontrer des entrées numériques sur un amplificateur intégré, pour ne citer que l’évolution la plus visible. Hegel va plus loin dans cette démarche, avec ce H360, prenant la succession du H300.
Par ce néologisme, entendons un amplificateur intégré qui ne dispose pas seulement d’un préamplificateur (à entrées ligne) et d’un amplificateur de puissance, mais d’un DAC et d’autres aménagements, tels l’ajout d’un port réseau sur embase RJ45, afin d’exploiter le H360 en lecteur réseau, ou streamer, pour reprendre la terminologie anglo-saxonne. Rappelons qu’un lecteur de réseau s’apparente de près à un serveur de musique, mais sans disque dur : on doit lire les données en temps réel sur un streamer, vu que le H360 ne dispose pas d’unité directe de stockage. Nous y reviendrons.
Depuis quelques années, les amplificateurs intégrés proposent de moins en moins d’entrées analogiques. Le H360 ne fait pas exception, puisqu’en dehors de celle accédant directement aux deux amplificateurs de puissance, pour insérer le Hegel dans une installation home-cinéma, on n’en dénombre que deux : une en asymétrique sur Cinch et une autre, en symétrique cette fois, sur XLR. Suit une partie de la carte mère, faisant office de préamplificateur à composants discrets (des transistors en classe A) et des composants passifs de très bonne qualité, telles que des résistances surdimensionnées à couche métal et quelques condensateurs Nichicon Muse, reconnaissables à leur fût vert métallisé.
Ensuite, le signal transite par deux cartes drivers, disposées de part et d’autre du coffret, dans la zone qui jouxte les dissipateurs thermiques à ailettes des étages de puissance. Ce circuit relativement complexe répond au nom de Sound Engine, une configuration censée effacer les inconvénients de la classe A (ça existe) et ceux de la classe AB. En fait, le montage de chaque voie se compose d’une sorte de driver de puissance push-pull de transistors bipolaires complémentaires 2SC5949 Toshiba (NPN) et 2SA2121 (PNP) polarisé en classe A, immédiatement suivi par un quadruple push-pull de transistors de même référence, en classe AB, cette fois. Chacun des dix transistors par canal est capable de générer pas moins de 15 A au collecteur. Ainsi conçu, le H360 délivre 250 W sous 8 Ω(et 420 W sous 4 Ω).
Il peut, grâce à une très haute capacité en courant, piloter n’importe quelle enceinte, grâce à un facteur d’amortissement de 4 000. En d’autres termes, cela signifie que l’impédance de sortie de chaque canal du Hegel H360 est de seulement 2 millièmes d’ohm, ce qui rend l’amplificateur totalement insensible aux fluctuations d’impédance des enceintes. Afin d’obtenir un tel comportement des étages de puissance, Hegel a équipé le H360 d’un énorme transformateur torique réalisé sur mesure dont la puissance doit avoisiner les 700 VA. Cette électronique étant structurée en double mono, toutes les connexions en sortie du transformateur sont indépendantes d’une voie à l’autre. Sous la carte mère, on aperçoit quatre ponts de diodes à double alternance de haute puissance. Ils sont montés contre le fond du coffret, afin d’assurer leur refroidissement.
Ensuite, la tension est lissée par 40 000 µF en quatre éléments par canal, soit 80 000 µF en tout. Les borniers universels des enceintes font appel à des modèles de chez WBT, reliés aux étages de puissance par des câbles de forte section et commutés par des relais de puissance, commandés par la temporisation de la mise sous tension.
Hegel a équipé son H360 de nombreuses entrées numériques, comme le montrent les photos et la fiche technique. Nous aurions aimé une embase USB A, distincte de l’USB B à raccorder à un ordinateur, par exemple… Cela n’a rien de rédhibitoire, car un port réseau est là pour assurer une liaison Ethernet, voire une connexion sans fil AirPlay, ces liaisons étant gérées par une carte spécifique, capable de supporter des mises à jour. Les autres entrées assignent leurs signaux sur une interface Asahi Kasei AK4118, capable de détecter les liaisons PCM, mais aussi non-PCM, on pense au DSD. Ainsi, le convertisseur AK4490 prend en charge le PCM jusqu’à 768 kHz d’échantillonnage en 32 bits, et jusqu’au DSD 256 (11,2 MHz).
Afin que les données audionumériques issues d’un CD ne soient pas trop pénalisées par les écarts qualitatifs entre le DSD et le PCM à 44,1 kHz sous 16 bits, tout signal PCM est converti en 192 kHz sous 24 bits, au moyen d’un changeur de fréquence d’échantillonnage AK4127. Ce procédé pertinent et efficace est une constante chez Hegel, on le retrouve souvent dans les DACs. Rien n’interdit d’utiliser un DAC externe, le cas échéant : il suffit de placer le H360 en position « DAC Loop », ce qui active sa sortie coaxiale S/PDIF et commute les entrées XLR pour le retour des sorties du DAC externe. Les signaux issus du Hegel en numérique sont resynchronisés, une excellente idée pour réduire le jitter.
Construction : Le constructeur norvégien a repris l’esthétique élégante des autres produits de la gamme : un coffret aux lignes harmonieuses complète le léger galbe de la façade, équipée d’un afficheur à LED bleues, cette fenêtre étant encadrée par deux encodeurs sans fin, l’un pour la sélection des entrées (affichage en trois lettres), l’autre pour l’ajustement du volume, de 00 à 99, le tout étant pilotable via la télécommande fournie. Pour une insertion dans une installation home-cinéma où l’on doit occulter les sources de lumière gênantes, Hegel, qui pense à tout, a prévu une prise pour le déport du récepteur de la télécommande à infrarouge.
Composants : Le choix de conception du H360 met en œuvre des composants de haute qualité, le plus souvent surdimensionnés, comme l’alimentation en double mono à partir des nombreux secondaires de l’énorme transformateur torique d’environ 600 à 700 VA, pour ne citer que le plus évident.
Grave : Comme souvent chez Hegel, le registre grave s’exprime avec profondeur et tension, dans une restitution particulièrement vivante et précise. L’écoute laisse filtrer une puissance contenue, l’une des caractéristiques des amplificateurs puissants. Le H360 ne se laisse jamais distancer par le registre grave, puissant et remarquablement défini.
Médium : Aussi ouvert que le grave est aéré, le registre médium ne souffre d’aucune coloration. Il privilégie la beauté des timbres, La fluidité dont il est capable délivre un son articulé, axé sur la haute définition et un superbe sens de la nuance, qui fait merveille sur les voix et les instruments de premier plan, s’exprimant avec un naturel enviable.
Aigu : L’aigu présente un superbe équilibre de douceur et de filé. Il complète harmonieusement le registre médium. Cette impression de douceur est à prendre en considération, dans le sens où le H360, bien que rapide dans l’établissement des notes, ne présente aucune agressivité dans ce registre bien nuancé et qui monte très haut.
Dynamique : Doté d’une énorme réserve de puissance, le H360 n’a pas besoin de plus de vitamines que celles largement prodiguées par son alimentation surdimensionnée. Cet amplificateur encaisse les fortissimi sans faillir, et le test de la version orchestrale de Tableaux d’une exposition de Moussorgski arrangée par Maurice Ravel, très dynamique, ne fut qu’une formalité.
Attaque de note : Conséquence directe de la « santé » insolente qu’affiche cet amplificateur intégré, les temps de réaction ultrarapides se traduisent par des attaques de notes à l’image de ce que contiennent les plages musicales, tant sur les percussions, mais aussi sur des instruments plus subtils, tels qu’une guitare acoustique aux cordes délicatement pincées.
Scène sonore : Le relief de la restitution suit les ambiances contenues dans les plages musicales, jusqu’aux moindres détails. Le Hegel s’adapte sans limitation et dans un sens de la nuance louable, comme sur les réverbérations de salle. Sur l’exemple des grandes orgues jouées par Jean Guillou (Tableaux d’une exposition en version solo) on ressent les vagues successives de réverbération dans la nef de l’église dans une diffusion (c’est bien le mot) confondante de réalisme.
Transparence : La vivacité d’établissement des notes, la justesse des timbres et la beauté de l’image stéréo, à la fois stable et précise, constituent autant d’atouts en faveur d’une grande transparence. Une fois à bonne température, cet intégré donne le meilleur de lui-même, dans un réalisme surprenant de beauté et d’authenticité, comme si un voile se levait sur la musique.
Qualité/prix : La très haute musicalité du H360 ne fait aucun doute, en raison de son caractère vivant et de la neutralité époustouflante de ses timbres. De surcroît, l’équipement très complet proposé par le constructeur fait de cet intégré un véritable nodal de haute-fidélité, idéalement placé au centre de l’installation, entre les nombreuses sources exploitables et les enceintes. On en a largement pour son argent !
Capable de piloter n’importe quelle paire d’enceintes acoustiques, grâce à ses 250 W par canal et son facteur d’amortissement de 4 000, le Hegel H360 propose un équipement complet à l’ergonomie bien pensée, et surtout exceptionnel dans la restitution, avec son DAC 192 kHz/24 bits muni d’un port USB et d’un Ethernet. Ce nouvel amplificateur se distingue par son homogénéité et ses très nombreuses qualités, mises en valeur par une musicalité addictive, sur laquelle s’appuie l’excellente réputation des électroniques du constructeur. Un grand bravo !
Origine : Norvège
Prix : 4 990 euros
Dimensions : 431,8 x 152,4 x 380 mm
Poids : 25 kg
Entrées stéréo : 1 ligne sur RCA, 1 ligne sur XLR, 1 home-cinéma sur RCA
Entrées numériques : 4 entrées S/PDIF dont trois optiques, une USB, une RJ45
Sorties stéréo ligne : 1 fixe sur RCA, 1 variable sur RCA
Réponse en fréquence : 5 Hz à 180 kHz (-3 dB)
Rapport signal sur bruit : > 100 dB
Séparation des canaux : > 100 dB
Taux de distorsion : < 0,01 % à 100 W/8 ohms
Puissance de sortie : 2 x 250 W (8 ohms) 2 x 420 W (4 ohms)