Voici plus de trois décennies que Musical Fidelity existe, le dernier appareil sorti de la petite usine britannique est l’objet de toute notre attention, au point de l’essayer pour votre magazine favori !
Il y a plus de trente ans, Anthony Michaelson a commencé la construction de son premier appareil haute-fidélité (un amplificateur) sur sa table de cuisine (comme un grand nombre d’électroniciens), grâce aux 500 livres Sterling accordées par sa banque, plus un prêt de 200 dollars obtenu auprès de sa belle-mère, mais aussi et surtout grâce à sa motivation et sa passion de travailler dans ce domaine. Que de chemin parcouru depuis ! La sortie toute récente de l’hyperintégré M6i Encore en est un bon exemple.
Cet appareil fait office de préamplificateur, lecteur de CD, lecteur de réseau (streamer), serveur audio, DAC, amplificateur, sans oublier l’amplificateur du casque, possédant un ajustement du volume indépendant de celui dédié aux enceintes acoustiques. À la lecture des nombreuses fonctions du dernier Musical Fidelity, c’est d’ailleurs tout ce que l’on doit lui raccorder afin d’obtenir une chaîne haute-fidélité opérationnelle : une bonne paire d’enceintes acoustiques, adaptées à la section amplificateur de 225 W par canal sous 8 ohms.
Deux encodeurs rotatifs de part et d’autre d’un écran couleur encadré de touches de fonction, il n’en faut pas plus pour faire fonctionner le M6i Encore. Par défaut, le lecteur de CD, dont on aperçoit l’ouverture de chargement de type « Slot-in » sous l’écran, est configuré en « Rip » qui copie automatiquement les plages du CD sur le disque dur interne.
On peut facilement désactiver cette fonction en sélectionnant la lecture CD. La télécommande fournie facilite l’exploitation de l’hyperintégré, qui propose trois autres options : on peut l’exploiter via un appareil sous Android (smartphone ou tablette), ou sous iOS, le standard d’Apple. Mais on peut aussi se connecter via un ordinateur, connecté au même réseau que le Musical Fidelity : il suffit de taper son adresse IP dans le navigateur Chrome (compatible Mac et PC) pour gérer tous les morceaux de musique présents dans le disque dur du M6i Encore. D’origine, il est équipé d’un disque dur de 1 To (2 500 CD de capacité environ), mais on peut, en option et pour une centaine d’euros supplémentaires, monter à 2 To.
La partie péri-informatique du M6i Encore intègre un processeur 64 bits Intel Dual Core, un véritable micro-ordinateur intégré, dédié à la gestion du réseau et du serveur, avec 2 Go de mémoire vive. Toutes les entrées audionumériques coaxiales et optiques acceptent les fréquences d’échantillonnage jusqu’à 192 kHz sous 24 bits.
Le convertisseur 384 kHz sous 32 bits Texas Instruments PCM5242 est précédé d’un changeur de fréquences d’échantillonnage Burr-Brown SRC4392, chargé de recalculer les flots numériques en PCM à 192 kHz/24 bits. Les entrées analogiques sont converties à la même fréquence, au moyen d’une puce analogique vers numérique Burr-Brown PCM1863. Un circuit Burr-Brown PGA 2320 assure le contrôle de volume électronique. Chaque canal dispose de son amplificateur composé d’un double push-pull de transistors bipolaires de type Darlington de chez Sanken, STD03P/STD03N, polarisés en classe AB.
Le transformateur torique de l’alimentation principale fournit aux amplificateurs l’énergie nécessaire à leur fonctionnement en double-mono. Le découplage de chaque canal atteint 18 800 µF en quatre éléments. En comptant les petits découplages locaux, on obtient, en tout, près de 40 000 µF, excusez du peu
Construction : Le châssis en aluminium s’orne d’une belle façade équipée d’un écran, de deux encodeurs rotatifs et de nombreuses touches de fonction. L’intérieur contient de nombreux modules séparés par fonction. La finition irréprochable répond à un haut standard de qualité.
Composants : L’infrastructure interne mêle les composants à haute intégration aux éléments plus traditionnels. Quoi de plus normal, notamment pour l’amplificateur réalisé en double-mono. La disposition des différents sous-ensembles est très rationnelle. La partie frontale est consacrée à la gestion du lecteur réseau/serveur, et le disque dur est fixé contre la face arrière, pour une meilleure accessibilité. Un puissant transformateur torique alimente le tout, secondé par un module à découpage 5 V sous 8 A alimentant la section péri-informatique.
Grave : Superbe grave, allant du discret à l’ample, et se distinguant par une belle fermeté. Ce registre se distingue aussi par sa rapidité. Il ne semble pas subir de contraintes, d’autant qu’il respecte les timbres et facilite le discernement des notes graves issues de diverses sources instrumentales dans les plages musicales. On apprécie tout autant le caractère extrêmement fouillé des détails infimes…
Médium : Rapide, fidèle, musical, sont les mots qui viennent à l’esprit à l’écoute de cet hyperintégré. Les plages musicales de tous styles sont fidèlement retranscrites sans coloration, masquage ou artefact. Le Musical Fidelity fait tout son possible pour respecter avec grande précision le message musical, sans changer quoi que ce soit à l’équilibre d’origine, pas plus qu’au respect scrupuleux des petits détails, à l’instar du registre grave. La musicalité du M6i Encore s’illustre pleinement sur la voix de Natasha Kahn, quel que soit le morceau joué par sa formation musicale Bat For Lashes. Splendide !
Aigu : On ne ressent pas de limite haute dans le contenu harmonique de cette gamme de fréquence. Les aigus ne manque ni de matière, ni de définition, et le teste du jeu complexe de cymbales de Phil Collins sur l’album Grace & Danger de John Martyn s’avère très concluant. La restitution est aérée et dépourvue de toute dureté. Le M6i Encore se joue de toutes les difficultés avec aisance.
Dynamique : Le test de la version orchestrale de Tableaux d’une Exposition de Moussorgski, arrangée par Maurice Ravel, expose l’aptitude du Musical Fidelity à libérer instantanément, à la demande, une puissance impulsionnelle lui permettant de suivre de très près le contenu dynamique des plages musicales. La définition reste optimale, y compris sur les informations musicales de faible amplitude que l’on appelle les pianissimo.
Attaque de note : Certaines électroniques britanniques étaient réputées pour leur mollesse, ce qui n’est pas le cas de Musical Fidelity, en particulier le M6i Encore, très rapide dans les attaques de notes, ce qui va de pair avec l’excellente réponse dynamique. À l’écoute, cela donne au message musical un caractère vivant et une très bonne stabilité des différentes sources musicales.
Scène sonore : Que la scène sonore ait été artificiellement reconstituée par des moyens artificiels, ou qu’elle soit le fruit d’une captation directe, elle s’étend dans un espace tridimensionnel, à l’image des intentions des auteurs. La dynamique et les rapides attaques de notes facilitent la localisation de chaque instrument dans les espaces sonores, variables d’une plage musicale à l’autre.
Transparence : Le Musical Fidelity M6i Encore respecte l’intégralité des timbres sans les colorer, de même que les ambiances sonores des plages musicales. C’est là où l’on peut évaluer la précision analytique d’un appareil de qualité : pureté des timbres et respect scrupuleux des ambiances sonores qui laissent transparaître, dans la retranscription des petits signaux, la transparence de l’électronique.
Qualité/prix : Lorsque l’on énumère toutes les fonctions du Musical Fidelity M6i Encore, on constate que l’on en a largement pour son argent : cet hyperintégré ne nécessite qu’une paire d’enceintes pour fonctionner, tout en étant également ouvert sur l’extérieur. Le rapport qualité prix est donc très favorable !
Nous avons eu beau chercher des faiblesses, voire des défauts à cet appareil, nous n’en avons pas trouvé, sauf peut-être le branchement du M6i Encore au réseau Ethernet avant de le mettre sous tension. Cela dit, on ne passe pas son temps à connecter, déconnecter et reconnecter l’appareil du réseau ! Cet appareil est une chaîne haute-fidélité complète, très performante et au rapport qualité/prix très alléchant. Et en plus, on a le droit à une ergonomie très conviviale. Que demander de plus ?
Origine : Royaume-Uni
Prix : 5 500 euros (HDD 1 To), ou 5 600 (HDD 2 To)
Dimensions : 440 x 125 x 400 mm
Poids : 16,6 kg
Puissance de sortie : 225 watts par canal sous 8 ohms
Distorsion harmonique + bruit :< 0,007% typique de 20 Hz à 20 kHz
Rapport signal sur bruit : > 107 dB pondérés A
Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz (+0, -0,1 dB)
Entrées analogiques : 3 lignes stéréo sur Cinch
Entrées numériques : 2 S/PDIF sur RCA, 2 optiques sur Toslink, 1 USB 3 type A, 1 USB 3 Type B, 3 USB 2 Type A (dont une frontale), un connecteur RJ45 pour Ethernet 10/100/1000 Base-T.
Sorties analogiques stéréo : asymétriques sur Cinch, 1 fixe (Line), 1 variable (Pre, jusqu’à +13 dB)Sortie casque : jack 6,35 mm, volume indépendant, impédance 8 ohms minimum
Sorties de puissance : une paire de connecteurs type banane universelles 4 mm par canal
Sorties numériques S/PDIF : 1 coaxiale, 1 optique
Mémoire interne media : 1 disque dur 2,5” de 1 Terabyte (HDD, mise à jour SSD possible)