ATOHMGT1-HD & GT-SW2

Avec sa consonance home-cinéma, le subwoofer est tombé quelque peu en désuétude au sein de la communauté audiophile. Pourtant, quand il est bien réalisé et bien intégré dans un système, son apport qualitatif est indéniable, notamment en termes de plénitude sonore. Atohm s’y est intéressé et nous livre son nouveau caisson GT-SW2. Une réussite !

Dans une installation haute-fidélité, il est rarement fait usage du caisson de grave pour améliorer la reproduction des premières octaves. Ajouter un subwoofer n’est pas entré dans les mœurs audiophiles, il faut dire que le home-cinéma a laissé quelques mauvais souvenirs dans ce domaine. Ceci étant, l’apport d’un caisson adapté et digne de ce nom est rapidement identifiable et appréciable, notamment quand il est marié à des enceintes compactes toujours limitées dans les soubassements.

La solution Atohm

Le fabricant français nous a confié une paire de ses GT1-HD et un nouveau caisson GT-SW2 pour démontrer la validité et la pertinence du subwoofer. On ne présente plus les compactes GT1-HD. Ces petites « grandes » enceintes deux voies ont propulsé la série GT et la marque Atohm dans les sphères acoustiques supérieures.

Il faut dire que le travail de recherche et de mise au point entamé alors par Thierry Comte a été poussé extrêmement loin en matière de conception, de mesures et de simulations par informatique. Il en résulte une nouvelle gamme de haut-parleurs Absolute Series dans laquelle la GT1-HD puise ses composants, un grave médium de 15 cm bourré d’innovations technologiques (suspension LDS à rappel symétrique, circuit magnétique FWI à champ symétrique dans l’entrefer), un tweeter à dôme en soie de 28 mm tout aussi sophistiqué et un filtre TCC à cellule de calage temporel qui simule un alignement physique des transducteurs.

L’ébénisterie bass-reflex très inerte adopte des parois galbées et un amortissement interne précisément dosé. La version HD inclut un réglage à trois positions du niveau d’aigu au-delà de 1,5 kHz. Quant au caisson GT-SW2 monté dans une ébénisterie laquée, son volume de 22 litres laisse perplexe.

Mais le doute s’évapore à la vue des deux unités spécifiques LD230CR08M de 23 cm montées dos à dos, capables d’élongations crête à crête de 30 mm et couplées à un module de puissance Atohm S500 de 500 W. La conception particulière de ces boomers résonnants vers 23 Hz et dotés d’un moteur ultrapuissant les destine à une charge close de très petit volume. La technologie Atohm X-Guard a été intégrée au module amplificateur, elle garantit que l’excursion des haut-parleurs ne dépassera jamais une limite absolue qu’un switch à l’arrière du caisson permet de fixer.

Tous les réglages sont prévus (fréquence de coupure, phase, niveau) ainsi qu’un filtre d’égalisation Shelving Low Pass du second ordre qui étend la réponse de manière linéaire en améliorant la phase et le temps de propagation de groupe.

Écoute sans caisson

Il est toujours difficile d’obtenir un registre grave solide, énergique et articulé à partir d’un petit volume de charge, quel que soit son principe. Pourtant, quand on écoute la contrebasse sur « When I fall in love » par le Keith Jarrett Trio, la « petite » GT1-HD n’empêche nullement l’instrument de s’épanouir.

Malgré un extrême grave court, les résonances de la caisse de l’instrument donnent la sensation d’un volume crédible sans les débordements emphatiques d’un haut-parleur mal contrôlé et/ou mal accordé. L’expressivité et la vivacité du grave médium contribuent à proposer une lecture musicale fouillée, dense.

Les notes s’illuminent d’harmoniques parfois discrets voire confus avec d’autres modèles d’enceintes. Les timbres sont de belle facture, la délicatesse dans l’aigu des GT1-HD ajustées en position « Linear » contribue à diminuer l’écart subjectif entre son reproduit et son original. Le développement des notes s’enrichit d’informations qui matérialisent l’interprète, l’atmosphère, l’ambiance.

Les percussions sur « Animal » par Francis Cabrel sont distillées avec une finesse remarquable dans le rendu harmonique, le métal frappé apparaît dans toute son épaisseur. Les compactes nous surprennent par leurs capacités à restituer les écarts de modulation les plus intenses avec aisance.

Durant le solo de contrebasse de Gary Peacock sur « When I fall in love », les attaques de cordes ne manquent ni d’énergie, ni d’amplitude, ni d’informations. Les résonances de l’instrument et ses tonalités variées donnent un excellent aperçu de ses dimensions.

La grande linéarité du tweeter permet par ailleurs une lecture toujours vivante et bien modulée des signaux pianissimo. Si nous devions d’un seul mot définir l’identité sonore des GT1-HD, ce serait : spontané. Par extension, elles sont vivaces, vivantes, musicales, naturelles. L’articulation de la réponse est le signe indiscutable d’une réponse impulsionnelle incisive.

En écoutant « Stay awake » par London Grammar, on s’aperçoit de la pugnacité des Atohm à révéler les moindres méandres sonores d’une piste. Fût-il un enregistrement moderne à base d’effets sonores, le morceau restitué par les GT1-HD abonde en clarté, en qualité tonale, en durée des notes et en spatialisation.

La scène sonore est parfaitement répartie devant l’auditeur avec un étagement impeccable des plans en profondeur, une focalisation précise des interprètes et une image stéréo très stable. La bonne répartition dynamique nous aide à localiser chaque son, chaque bruit diffusé, pour une perception très crédible. Et nous avons apprécié l’excellente cohérence générale avec une restitution rapide et tendue du grave à l’aigu. L’équilibre reste très linéaire malgré un extrême grave logiquement tronqué. L’expérience a donc parlé.

Écoute avec caisson

Un caisson de graves à peine plus gros qu’une enceinte compacte, est-ce réellement efficace ? Nous avons donc adjoint le GT-SW2 aux pétillantes GT1-HD pour en avoir le cœur net. Nous avons préalablement ajusté les différents réglages en fonction de la pièce et de nos attentes, soit un filtrage réglé vers 60/70 Hz avec coupure à 12 dB/octave, en phase et un niveau positionné vers 1/3, puis avons repris les pistes précédentes.

Il suffit dès lors d’écouter seulement quelques secondes pour comprendre l’apport du GT-SW2. Un tel caisson de graves permet de donner encore plus de tonus et d’ampleur aux premières octaves d’une compacte comme la GT1-HD, dans une pièce de dimensions raisonnables. Si la pièce est plus grande, vous pouvez en ajouter d’autres, les visiteurs du dernier salon Haute Fidélité se souviendront très certainement des démonstrations des GT3-HD associées à six GT-SW2…

Mais au-delà du grave, c’est aussi sur tout le reste qu’est intervenu le sub Atohm. Timbres, scène sonore, transparence, dynamique, tous les registres et tous les critères profitent de cette extension de la bande passante. Les GT1-HD semblent avoir décuplé leur volume sans perdre de leur vivacité. Première chose, l’écoute gagne en limpidité et en naturel.

La richesse harmonique progresse du fait de la « remise à niveau » du bas du spectre. Par conséquent, l’équilibre tonal s’enrichit et gagne en crédibilité. Seconde remarque, la scène sonore voit ses soubassements se consolider d’une façon inaltérable. L’effet de présence, la sensation « d’y être » s’intensifient. Les limites subjectives de la scène sont repoussées dans les trois plans, l’image devient plus précise.

De plus, les prestations dynamiques semblent dopées par le gain en bande passante qui fournit logiquement plus d’informations. Enfin, et surtout diront certains, le grave s’exprime avec plus d’humanité, plus de conviction. La performance du Keith Jarrett Trio sur « When I fall in love » nous donne soudain l’impression que les jazzmen se sont invités dans la pièce. Nous les sentons plus proches dans une perspective spatiale qui se dessine avec bien plus d’ampleur, ils sont plus focalisés devant nous, ils deviennent presque palpables, plus réels.

Le piano comme la contrebasse prennent des dimensions autrement réalistes, leur palette tonale gagne en subtilités. Le SW2 apporte aux GT1-HD un supplément de respiration, de tension, plus de plénitude, une sorte de calme olympien dans leur façon de restituer. Certes le caisson n’est ni indispensable ni fondamental, surtout si l’on écoute avec les petites compactes Atohm bigrement efficaces. Mais une fois qu’on a raccordé le GT-SW2, on se trouve pris dans un très agréable piège dont on n’a plus vraiment envie de sortir.

Verdict

Nous fûmes parmi les tout premiers fans des GT1 de Thierry Comte, et nous sommes toujours des inconditionnels de ces compactes. Elles ont ce petit truc en plus qui font d’elles de redoutables reproducteurs sonores. L’ajout du caisson GT-SW2 apporte cependant un supplément de saveur, de confort et de plénitude sonore. On peut adhérer ou pas à l’idée d’ajouter un subwoofer, mais quand le mariage à trois est réalisé avec soin grâce à un tel caisson, c’est le réalisme qui triomphe. Indiscutablement.

Fiche technique

Origine : France

Enceinte Atohm GT1-HD
Prix : 2 500 euros
Dimensions : 200 x 330 x 265 mm  
Poids : 12 kg
Réponse en fréquence : 45 Hz – 30 kHz
Sensibilité : 89 dB/2,83 V/m
Impédance nominale : 6 ohms

Caisson GT-SW2
Prix : 1 990 euros pièce  
Dimensions : 307 x 385 x 375 mm 
Poids : 25 kg
Réponse en fréquence : 23 – 150 Hz
Fréquence de coupure : ajustable entre 38 et 150 Hz
Pente de coupure : ajustable 12 dB, 24 dB,
LFEPhase : ajustable 0° ou 180°
Entrées : 2 RCA (bas niveau), 4 fiches banane 4 mm (haut niveau)

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