LECTEUR DE CD
Unefois de plus, le constructeur japonais étonne par ses recherches etapplications technologiques. Cette fois, il en a fait profiter unlecteur audionumérique intégré et universel sachant se distinguer,grâce à ses particularités et ses performances.
Accuphasecommercialise depuis peu le DP-550, un lecteur intégré. Rarement,ce terme d’intégration n’aura présenté tant d’importance. Eneffet, le DP-550 sait lire les CD, mais aussi les SACD à simple etdouble couche, tout comme les hybrides CD/SACD. Il peut égalementlire du DSD échantillonné à 2,8224 MHz, que l’on doit graver surun DVD ±R et RW sur lequel on aura enregistré les plages musicalesau format DSF, à partir d’un ordinateur, au moyen d’uneapplication Mac ou PC dédiée facilement trouvable. De plus, lestandard « propriétaire » de communication à très haut débitHS-Link permet à la section de conversion du DP-550 de recevoir desdonnées audionumériques en provenance d’un appareil de la mêmemarque, voire d’insérer le correcteur d’environnement acoustiqueDG-48… Accuphase n’a pas oublié les liaisons plus classiquesavec l’extérieur, en équipant le DP-550 d’un couple d’entréeset de sorties S/PDIF, tant en coaxial qu’en optique. De plus, ledésormais incontournable port USB figure dans les entréesdisponibles, ce qui facilitera le raccordement de la sectionconvertisseur à votre équipement péri-informatique. Toutes lesentrées, à l’exception du Toslink (limité à 96 kHz), acceptentdes flux PCM jusqu’à 192 kHz sous 24 bits. Les ports d’entréeet de sortie HS-Link savent, en plus du PCM, recevoir et transmettredes signaux 1 bit au format DSD, à la fréquence d’échantillonnagede 2,8224 MHz.
Uneconstruction exemplaire
L’aspect mécanique du DP-550 reprend les grands principes développés chez Accuphase : l’installation, dans un épais coffret compartimenté, de modules aux fonctions spécifiques. Ainsi, l’on remarque les alimentations à gauche derrière la façade, les circuits d’asservissement et de gestion de l’affichage à droite, la gestion des signaux entrants et sortants au fond à droite du châssis, et les étages audio à leur gauche. La platine de lecture se trouve en position centrale, afin de bien répartir les masses mécaniques. Elle est équipée d’un bloc optique de chez Sony, prenant place dans une platine entièrement redessinée par Accuphase. Elle repose sur quatre silentblocks en matériau composite, afin de bien découpler ce module sensible du reste du coffret. Le fin tiroir de chargement, au profil externe rappelant les VRDS de TEAC, contribue aussi à cette immunité mécanique. Un portique, massif et lourd, supportant le palet presseur, vient recouvrir entièrement le bloc de lecture, en lui ajoutant l’inertie nécessaire pour extraire de manière optimale les données des disques optiques. Cette platine a été placée le plus possible vers le fond du châssis, afin d’en abaisser le centre de gravité.
Sectionnumérique haut de gamme
Quelques circuits se reconnaissent facilement, comme le DIR AKM 4115, gérant le S/PDIF, et le Tenor 8802L, dédié au port USB. En revanche, la section des convertisseurs audionumériques bénéficie de la recherche et du développement propre à Accuphase. La firme ne produisant pas ses propres puces de conversion, a arrêté son choix sur les Sabre ES9008S de chez ESS Technology, comprenant une interface de réception et de synchronisation pour les signaux DSD et PCM, de filtres à pentes variables en fonction de la fréquence d’échantillonnage, d’un circuit de réduction de jitter très efficace, et d’un convertisseur baptisé Hyperstream, fonctionnant en Delta-Sigma et programmé pour un seul canal de sortie, sur les 8 disponibles. Car c’est là où interviennent les ingénieurs de chez Accuphase : le DP-550 ne comprend pas moins de quatre convertisseurs par canal, agencés en MDS+, soit Multi Delta Sigma. Cette configuration améliore les performances en terme de précision, de linéarité, de gamme dynamique, de rapport signal sur bruit et de distorsion, suivant un rapport de √n, n étant le nombre de convertisseurs. Ainsi, pour quatre convertisseurs par canal, les performances s’en trouvent augmentées de √4 = 2 fois ! Les sorties de ces ES9008S sont sommées en passant par des convertisseurs courant/tension avant d’attaquer les circuits de filtrage analogiques Butterworth du cinquième ordre.
Lescircuits audio
Danscette section, on remarque, une fois de plus, l’originalitéd’Accuphase : le DP-550 possède deux sorties audio stéréo, uneasymétrique sur une paire de Cinch et une symétrique sur deuxembases XLR. La première dispose d’un filtre analogique de sortie.Sur la seconde, travaillant sur le mode différentiel, on remarque laprésence d’un filtre pour le point chaud et d’un second dédiéau point froid. Cette démarche technique nécessite un appairagedrastique des composants, afin d’éviter tout déséquilibre surles sorties symétriques. Les amplificateurs opérationnels intégrésau DP-550 répondent à des tolérances sévères. Ces TexasInstruments LME47920 présentent une vitesse de balayage raisonnable(20 V/µseconde), mais arborent des caractéristiques époustouflantesen matière de rapport signal sur bruit et de taux de distorsioninfinitésimal. Les éléments passifs du filtre, montés autour desamplificateurs opérationnels, doivent respecter les mêmescontraintes de tolérances serrées. Ces sorties sont commutées pardes relais indépendants. On remarque, en face arrière, uncommutateur qui inverse les points chauds et points froids des XLR.Comme, depuis plus de trente ans, le brochage de ces connecteurs aété harmonisé dans le monde entier, en se calquant sur le standardaméricain, (masse en 1, point chaud en 2 et point froid en 3), cecommutateur ne servira, le cas échéant, qu’à inverser, sur lessorties symétriques, la phase absolue du DP-550.
Fabrication et écoute
Construction : Accuphase a conçu, comme d’ordinaire pour cette marque de prestige, un châssis massif, compartimenté au moyen d’épaisses parois. Tout a été étudié pour limiter les vibrations. Chaque module trouve sa place logique, à commencer par la platine de lecture en position centrale, son fin tiroir de chargement, la masse imposante de son portique et son découplage mécanique du fond du châssis.
Composants : Le DP-550 dévoile de très nombreux éléments de haute qualité, comme le transformateur blindé, le découplage de la section audio employant, entre autres, des condensateurs Nichicon de 3 300 µF sous 35 V, les quatre convertisseurs audionumériques par canal, les amplificateurs opérationnels de sortie de chez Texas Instruments… Accuphase s’applique à optimiser chaque module, au prix d’une conception à la fois innovante et aboutie, s’appuyant sur des éléments électroniques de haute qualité.
Grave : Ce registre est impressionnant de précision, chaque source sonore étant habilement détourée et retranscrite dans une belle cohérence musicale. Le stick Chapman de Pascal Gutman explore sans faillir les premières octaves du spectre sonore, grâce à une électronique exemplaire : la tenue et la précision du registre grave illustrent un jitter négligeable de l’Accuphase DP-550, tant la restitution sonore fait preuve de naturel et d’une très haute définition, y compris dans ce registre où bon nombre de lecteurs se comportent de manière floue, approximative.
Médium : À l’instar du grave, le registre médium s’inscrit dans le naturel, la précision, et la respiration entre les différentes sources sonores, preuve que nous sommes en présence d’un lecteur de très haute volée. Le DP-550 ne saurait simplifier le signal, et l’on s’en aperçoit avec satisfaction lorsque certaines petites subtilités transparaissent à l’écoute : le petit vibrato de la main gauche du bluesman Ted Hawkins sur sa guitare électrique, sur son titre « Strange Conversation », se fait rarement entendre avec autant d’évidence. La présence exceptionnelle des voix et des réverbérations fait aussi plaisir à écouter, dans une restitution réaliste. Sur les disques SACD utilisés pour les tests, le DP-550 va encore plus loin dans le souci du détail tout en restant musical et fluide.
Aigu : Que ce soit sur les CD ou les disques SACD, voire le DVD encodé en DSD au moyen de fichiers DSF, le registre aigu profite, lui aussi, de l’absence de jitter audible, et d’une belle fluidité. Le naturel des timbres exprime toutes les nuances enregistrées sur les différents audiogrammes, sans limite haute apparente, le DP-550 s’adaptant parfaitement aux différents formats de train de données lues et décodées pour faire renaître la musique parvenant aux oreilles de l’auditeur.
Dynamique : Comme sur tout lecteur optique, on peut s’attendre à des écarts de niveau à l’image des enregistrements lus. Cependant, l’Accuphase va plus loin dans la précision du suivi dynamique. Les passages musicaux choisis pour ce test présentent des écarts très importants entre les fortissimi et les pianissimi. Si les premiers bénéficient d’un niveau d’enregistrement mobilisant un grand nombre de bits, il n’en est pas de même pour les signaux de faible amplitude qui risquent de subir une simplification, sans parler d’une éventuelle remontée du bruit de fond, toujours possible. L’Accuphase DP-550 a passé brillamment cette épreuve, en ciselant les pianissimi avec une définition et une richesse harmonique comparables aux passages plus enlevés. Le travail pertinent de la firme japonaise sur les circuits de conversion s’illustre donc de manière probante.
Attaque de note : On peut attribuer les qualités d’attaque des notes au découplage mécanique de l’excellente platine de lecture, mais aussi à la synchronisation numérique, à la mise en œuvre des quatre convertisseurs haut de gamme par canal, mais aussi à la bande passante très étendue des circuits audio analogiques, construits autour d’amplificateurs opérationnels de haute performance, les Texas Instruments LME49720 que l’on remarque de plus en plus dans de nombreux maillons haute-fidélité, comme, par exemple, dans le convertisseur Hegel HD25 testé le mois dernier. L’Accuphase se montre particulièrement responsif et vif sur ce plan.
Scène sonore : Rarement, l’amortissement des réverbérations, que ces dernières soient naturelles, comme dans une salle de concert, ou recrées à partir de puissants algorithmes à convolution, n’auront autant dévoilé toutes les petites inflexions qui contribuent à la retranscription fidèle d’un environnement acoustique. Chaque source sonore, quelle que soit sa nature propre, se localise dans un espace tridimensionnel dans lequel la notion de profondeur, voire de hauteur, prend toute son importance. Ici encore, l’acuité des convertisseurs, bien synchronisés, et la pureté des étages analogiques font merveille.
Transparence : Autant de précision dans la définition prodiguée par le DP-550 résulte d’études poussées dans la conception de chaque sous-ensemble. De plus, leur application, via une topologie aboutie et un judicieux choix de composants, concourt à la transparence. On ne ressent aucune coloration venant affecter les timbres. Le fait d’avoir assisté, voire participé, à certains enregistrements utilisés pour le test permet de vérifier ce constat très positif, tant cette authenticité s’impose, lors des nombreuses écoutes effectuées.
Qualité/prix : Définir le rapport qualité/prix d’un Accuphase revient, en comparant la haute-fidélité au monde de l’automobile, à évaluer ce même rapport pour une Porsche, par exemple. Si Accuphase n’est pas réputé pour la commercialisation de produits bon marché, il faut cependant énumérer la débauche de solutions techniques fort intéressantes, innovantes, voire inédites, souvent développées, de la feuille blanche au produit fini, par la firme japonaise. En conséquence, le prix revêt une bien moindre importance que les qualités techniques et le résultat audible de cet Accuphase DP-550.
Verdict
En phase avec les évolutions techniques du moment, l’Accuphase DP-550 sait lire les CD, les SACD, ainsi que les DVD audio contenant du DSD au format DSF. Il peut également recevoir des données audio au moyen de la connexion USB, des entrées S/PDIF (coaxiale et optique), mais aussi via le port RJ45 au format Accuphase HS-Link. La conception technique originale de ce lecteur convertisseur audionumérique intégré le place à un très haut niveau, le but atteint étant la musicalité exploitable grâce à une excellente ergonomie. Sur ce plan, notant le contrôle électronique de volume, particulièrement transparente, accessible depuis la télécommande, et les informations complètes de l’affichage en façade. Le prix est au niveau de la conception exceptionnelle de ce lecteur universel et de sa musicalité.
Fiche technique
Origine : Japon
Prix : 10 490 euros
Dimensions : 46,5 x 15,1 x 39,3 cm
Poids : 18,5 kg environ
Fréquences d’échantillonnage :
de 32 à 192 kHz/24 bits
Formats supportés :
SACD, DSD (format DSF), CD
Réponse en fréquence :
0,7 Hz à 50 kHz (+0, -3 dB)
Distorsion harmonique
totale + bruit : 0,0007 %
Rapport signal sur bruit : 118 dB
Gamme dynamique : 115 dB
Séparation des canaux : 108 dB
Niveau de sortie : 2,5 V sous 50 ohms
(symétrique et asymétrique)