LECTEUR DE RESEAU
La marque autrichienne Ayon propose une solution de musique dématérialisée à la fois simple au niveau de son ergonomie et très travaillée sur le plan audio. Les tubes sont les rois de la fête, ils sont très présents même s’ils ne sont pas visuellement mis en avant.
Le lecteur réseau Ayon S-5 est très valorisant visuellement, son design reste très sobre et classique. Il arbore en face avant l’écran bien connu du lecteur réseau de chez Stream Unlimited déjà rencontré chez d’autres fabricants, mais qui ici semble parfaitement naturel puisque également d’origine autrichienne. Sur la gauche de l’écran, des boutons poussoirs permettent la navigation parmi les menus de sélection de source et de choix des albums ou des morceaux. L’écran affiche la navigation au sein de l’arborescence des menus. Une fois la lecture d’un fichier initiée, l’intitulé de la piste jouée défile sur l’afficheur qui indique également les autres informations disponibles telles que le nom de l’artiste, par exemple.
Le S-5 permet la lecture en streaming via le réseau en Ethernet 100 base-T sur un NAS ou sur les dossiers partagés des ordinateurs du réseau ; il accepte la lecture directe via USB des fichiers Wave jusqu’à 192khz/24bits, FLAC jusqu’à 192 khz/24 bits, AIFF, AAC, HE-AAC jusqu’à 24 bits 96 kHz. Ayon propose également une application pour lire les contenus des iPad, iPhone et iPod et une application pour leurs alter ego sous Android. Le S-5 se connecte aux web radios, ce qui, bien qu’agréable à l’usage, ne donnent pas encore accès à toutes les qualités de restitution dont est capable un lecteur haut de gamme comme cet Ayon. La droite de l’écran comporte une prise USB capable d’accueillir, par exemple, une clé de stockage; au-dessus de ce port USB vient un petit afficheur avec l’indicateur de niveau sonore. De chaque côté de la face avant se trouvent deux massifs boutons rotatifs : celui de gauche est dévolu au contrôle de volume, car le S-5 intègre la fonction préamplification (sélection des sources et contrôle de volume), celui de droite constitue un sélecteur de source à accès direct (sans passer par les menus). L’ensemble des fonctions est relayé par la télécommande fournie. Sur le dessus, quatre grilles d’aération permettent l’évacuation des calories générées par les tubes. Les tubes concernés sont visibles à travers ces grilles. La face arrière est très richement dotée : outre les entrées et sorties analogiques disponibles à la fois en symétrique et en asymétrique sur XLR et RCA, les entrées numériques AES/EBU, S/PDIF sur RCA S/PDIF sur BNC, I2S et optique, nous trouvons une sortie numérique S/PDIF sur RCA et aussi – ce qui est beaucoup plus rare – une entrée analogique reliée à un convertisseur ADC (le contraire d’un DAC) qui va permettre à l’heureux propriétaire de numériser ses sources analogiques, comme ses vinyles par exemple. Nous trouvons également le connecteur multibroches à verrouillage destiné à l’alimentation, le connecteur réseau Ethernet RJ45, un second port USB, l’antenne Wifi pour une utilisation sur un réseau sans fil et un ensemble de quatre sélecteurs à bascule. Ces sélecteurs permettent le choix du gain des étages de sortie (High/Low), ce qui permettra d’adapter le lecteur à un système à haut ou bas rendement, le choix de la phase (0/180°), le choix des connecteurs de sortie (RCA/XLR) et, enfin, le choix du mode de sortie (Normal/Direct Amp) qui permet de bypasser les étages de préamplification et de contrôle de volume. Le boîtier d’alimentation, quant à lui, comporte un indicateur lumineux de mise sous tension en face avant, le connecteur IEC habituel, le connecteur multibroches de sortie et un indicateur lumineux de respect de la phase électrique, ce qui est une trop rare attention qui montre le soin apporté au détail et à l’optimisation des conditions d’écoute.
Destubes à tous les étages
Lemariage des technologies numériques modernes avec les tubes n’estpas exclusif à Ayon, mais la marque autrichienne a poussé leconcept dans ses derniers retranchements. En effet, les tubes sontprésents dans l’alimentation séparée comme dans le lecteurlui-même. L’alimentation met en œuvre trois transformateursR-Core qui délivrent les tensions alternatives pour lesalimentations séparées des étages numériques et analogiques,alors qu’il est fait appel pour l’alimentation des étagesanalogiques à des tubes redresseurs 6Z4, accompagnés par descondensateurs de forte valeur pour le filtrage et une self PowerChoke pour bloquer les hautes fréquences. Les tubes du lecteur S-5proprement dit sont destinés à l’étage de sortie qui utilise desdoubles triodes à chauffage indirect 6H30EB d’origine russemontées en parallèle en single ended, ces doubles triodesminiatures peuvent fournir 2 ampères en pointe, ce qui constitue unevaleur très importante. Le fonctionnement de l’étage de sortie sefait sans aucune contre-réaction. Avant les étages de sortie setrouvent les DACs, et nous avons retrouvé avec plaisir des BurrBrown 1704 (Texas Instruments) utilisés ici en parallèle avec pasmoins de 4 BB1704 par canal. Ces puces DAC sont des véritables R2R,dont la production a très malheureusement été arrêtée en dépitde leurs qualités sans égales. Cependant, il en reste suffisammentdans les divers stocks pour que cela ne devienne pas un souci pourAyon. Le seul problème potentiel est l’augmentation de coûtafférant, car ce qui est excellent et rare devient généralementcher. Quelle que soit leur valeur d’entrée, les donnéesnumériques sont portées à 24 bits et 192 kHz avant d’êtreenvoyées aux DACs.
Construction : Construit sur la base d’un boîtier en tôle d’aluminium épaisse de 12 mm, le S-3 intègre des circuits de très grande qualité, la construction est mécaniquement parfaite, notre seul regret touche plus au design et à l’esthétique, frustrés que nous avons été d’avoir une source moderne à tubes sans pouvoir profiter visuellement des dits tubes.
Composants : Les composants sont tous de très grande qualité, les plus grandes marques sont présentes avec leurs plus belles références. Ainsi par exemple au chapitre des capacités, nous trouvons des Mundorf à huile MCap Supreme Silver/Gold, les DACs – nous l’avons vu – sont les BB 1704 R2R, et c’est jusqu’au contrôle de volume passif à résistances que la qualité du design et des composants s’imposent comme une évidence.
Ecoute : Nous avons constaté que, sur les entrées USB, le S-5 attend des supports au format FAT 32 : il a donc refusé dans un premier temps notre clé USB au format Mac ; qu’à cela ne tienne, nous avons contre-attaqué avec une clé USB convenablement formatée en face avant, un disque USB en face arrière et le NAS sur le réseau. Comme nous avions la chance de disposer d’un formidable amplificateur à tubes en la présence des imposants blocs mono Mingda MC998-DW, nous avons décidé de prolonger la logique du design des Ayon par une écoute full tubes : nous n’avons pas été déçus.
Grave : Le registre grave est parfaitement reproduit avec un niveau subjectif tout à fait crédible et une réelle densité. De plus, les notes sont différenciées, profondes et ont un poids proprement étonnant. Qu’il s’agisse de la contrebasse de Christian Mc Bride ou du piano de Glenn Gould, la composante grave est délivrée avec finesse, subtilité et aplomb. Le son est riche et extrêmement modulé.
Médium : Comme pour le grave, nous profitons d’une écoute très très haut de gamme de par sa richesse tonale et harmonique. Nous avons soudain l’impression que bien des écoutes que nous avons appréciées par le passé étaient en quelque sorte simplifiées. Ici au contraire la musique est ultra-modulée et chaque note n’est pas simplement une note, c’est un festival de musique et de vie. Nous pouvons profiter d’un naturel confondant associé à une vraie richesse et nous découvrons des harmoniques jusque-là inconnus. Sur les bons enregistrements, les voix sont magnifiques, les instruments acoustiques sont somptueux.
Aigu : Habituellement, il est assez aisé d’écouter en se concentrant sur telle ou telle partie du spectre afin de détecter un éventuel souci, cette fois, cela fut très difficile car nous ne parvenions pas à nous extraire de l’envoûtement procuré par une écoute véritablement exceptionnelle. L’aigu est, comme le grave et le médium, impressionnant par sa richesse et son foisonnement harmonique. Tout à fait naturel, jamais agressif, il est juste fantastique. Nous en voulons pour preuve le jeu des cymbales dans Orchestrion de Pat Metheny où chaque instrument a ses timbres propres et n’est jamais réduit à une simple restitution métallique.
Scène sonore : Nous avons tellement été pris par la musique qu’ici aussi l’analyse a été difficile car tout était parfaitement en place et naturel. Le paysage sonore changeant d’enregistrement en enregistrement a toujours permis une visualisation parfaite de l’orchestre et de ses interprètes. Du soliste aux grands ensembles, aucun flou, aucune imprécision, à l’inverse nous avons pu profiter d’une étonnante présence des chanteurs et chanteuses comme avec Emiliana Torini dans «Bleeder» de l’album Me and Armini qui était vraiment avec nous dans la salle d’écoute. La scène sonore n’a jamais été ni tronquée ni exagérée, elle a été respectée au plus près.
Dynamique : L’écoute de divers pianos nous a convaincu des excellentes capacités dynamiques et microdynamiques du S-5. Parfaitement juste, la dynamique est tellement convaincante qu’à chaque fois c’est l’impression d’avoir affaire aux véritables instruments et pas à leur reproduction qui domine. La dynamique, bien que pouvant être explosive, n’est jamais exagérée, elle est naturelle et, même sur des instruments difficiles comme la batterie ou la basse, nous avons eu constamment l’impression d’être face aux instruments et à leurs interprètes plutôt que face à des haut-parleurs.
Attaque de note : Les guitares acoustiques de Paco de Lucia, John McLaughlin et Al di Meola se sont exprimées avec énergie, vivacité, vigueur et franchise. Les attaques de notes étaient instantanées et suivies par un cortège de richesse harmonique et une modulation rarement perçue avec autant d’acuité. Cerise sur le gâteau : ces attaques très précises voire incisives restent parfaitement naturelles sans la moindre dureté, et les extinctions de notes sont longues et toujours aussi belles et riches.
Transparence : Parfaitement transparent, le S-5 est en même temps plein et chaleureux, il sait s’effacer devant la musique mais sait aussi lui insuffler la vie et lui apporter ce supplément d’âme qui fait qu’il est extrêmement difficile de mettre un terme aux écoutes qui s’enchaînent, confirmant l’une après l’autre que nous avons affaire à un composant audio exceptionnellement musical.
Rapport qualité/prix : Avec son S-5, Ayon arrive à un prix où la notion de rapport qualité/prix devient délicate à manier. Cependant, pour les audiophiles qui sont avant tout des mélomanes, nul doute que l’écoute dans de bonnes conditions du Ayon va les convaincre de réaliser une bonne affaire, car il délivre une musicalité qui est l’apanage des sources d’exception. Il convient en outre de ne pas oublier que ce lecteur réseau est aussi un préamplificateur et un DAC à très haut niveau de performances.
Verdict
Le lecteur réseau Ayon fait désormais partie des sources numériques de très haut niveau musical, non seulement il donne à entendre toutes les informations contenues dans les fichiers, mais il le fait avec une richesse, une opulence sonore qui magnifie toutes les séances d’écoute en les transformant en intense moment de plaisir et d’émotion. Ce lecteur fait définitivement partie des sources que nous devons rendre à regret.
Fiche technique
Origine : Autriche.
Prix : 14 695 euros
Dimensions lecteur :
48 x 12 x 39 cm
Dimensions alimentation :
48 x 12 x 39 cm
Poids lecteur : 12 kg
Poids alimentation : 15 kg
Entrées :
Entrées numériques – S/PDIF (RCA),
I2S, AES/EBU, BNC, TosLink
2 x USB type “A”
2 entrées analogiques (RCA)
1 entrée analogique symétrique (XLR)
1 entrée ADC de conversion
analogique vers digital
1 prise réseau RJ45
1 antenne Wifi
Sorties :
1 sortie numérique coaxiale
S/PDIF (RCA)
1 sortie analogique RCA
1 sortie analogique XLR
1 prise casque en façade (3,5)