INTERFACE

BEL CANTO REF LINK

Nous avons déjà eu l’opportunité de présenter dans nos colonnes une interface USB Bel Canto. L’entreprise américaine nous communique cette fois son haut de gamme, à savoir l’interface REF Link.

Contrairement aux interfaces mLink et uLink, l’interface REF Link utilise le traditionnel boîtier Bel Canto en tôle très épaisse et très rigide pliée. Une fois ce boîtier ouvert, nous avons été favorablement impressionnés par l’intégration élevée de la carte d’entrée USB qui, en dépit de son format contenu, comporte un très grand nombre de composants grâce à la miniaturisation toujours plus étonnante de ceux-ci. Si cette carte devait être réalisée avec les technologies d’il y a quinze ans, le boîtier ne serait en aucun cas en mesure de l’accueillir. La carte principale, sous la précédente, gère les horloges et le rééchantillonnage ; elle supporte une autre carte, également compacte : la carte d’alimentation principale à découpage. Le premier examen visuel montre à l’évidence que Bel Canto a mis de gros moyens en œuvre pour aboutir à cette interface référence. Mais revenons aux bases de la musique dématérialisée puisque c’est bien de cela dont il est question. Nous stockons et jouons les fichiers numériques à travers un ordinateur Mac ou PC qui dispose d’une sortie numérique USB et souhaitons pouvoir connecter ce port USB à notre DAC qui délivrera le précieux signal analogique amplifié pour être transmis aux enceintes. Nous insistons souvent sur le fait que ce premier signal analogique doit être de la meilleure qualité possible, l’amplification ou les enceintes ne pouvant en aucun cas retranscrire ce qui a été perdu à l’origine. Cette évidence étant rappelée, il est utile de prendre conscience qu’il en est de même pour chaque étage en amont du DAC proprement dit. L’étage qui précède les convertisseurs au sein de nos DACs est bien, dans le cas de l’utilisation d’un ordinateur, l’interface USB qui établit le lien entre la sortie USB du PC et les étages de conversion. Le signal délivré par cette interface conditionne lui aussi le résultat d’écoute car, ici aussi, les dégradations subies ne seront jamais récupérables. Nous ne manquons pas d’exemples de DACs récents pourtant dotés d’une interface USB, mais dont cette dernière est le point faible. Et même lorsque cette interface est de qualité, il est intéressant de constater que son remplacement par une interface « de course » peut sensiblement améliorer la musicalité de l’ensemble. Des DACs plus anciens, pourtant de grande qualité, peuvent ne pas comporter cette interface, dans ce cas, une interface externe comme la Bel Canto REF Link est nécessaire pour passer à la musique dématérialisée. Il peut sembler étrange que ce composant ait une influence marquée sur le résultat d’écoute car, après tout, nous parlons d’interfaces qui sont toutes asynchrones, toutes isolées galvaniquement et toutes respectueuses du signal numérique originel (bit perfect). En réalité, la différence se fait, comme toujours en audionumérique, par la qualité des horloges et de leur implémentation et par celle des alimentations. Ici l’interface est bien entendu asynchrone et elle élimine la quasi-totalité de la guigue (jitter) en resynchronisant les signaux à l’aide d’horloges de grande précision elles-mêmes pilotées par un DSP propriétaire cadencé à 500 MHz. Les alimentations ne sont pas en reste, les circuits bénéficient de multiples étages d’alimentation isolés les uns des autres ; l’horloge déjà évoquée en est un exemple : elle reçoit elle aussi une alimentation dédiée.

Fabrication et écoute

Construction : La construction de cette interface est à l’identique de la plupart des composants Bel Canto, à savoir, ultra-robuste. Le châssis est en tôle pliée de forte épaisseur et la mise en place comme les assemblages sont irréprochables. Les connecteurs sont de grande qualité et l’ensemble est fait pour durer.

Composants : L’ensemble des composants hors l’affichage est réparti sur deux cartes : la première correspond à l’entrée USB, elle vient se superposer à la seconde plus étendue sur laquelle sont soudés les différents connecteurs en face arrière, parmi lesquels nous retrouvons l’entrée USB et les trois sorties AES/EBU, SPDIF et optiques. Cette carte principale accueille les deux oscillateurs, l’un dédié aux fréquences entières, l’autre aux fréquences décimales. Nous n’avons aucune critique à émettre en ce qui concerne les composants qui sont tous de première qualité, mais nous avons regretté que Bel Canto n’ait pas équipé sa REF Link d’une sortie SPDIF sur RCA, la sortie existante se faisant sur BNC. Bien entendu, l’usage d’un connecteur BNC est plus que justifié pour une sortie 75 ohms, mais il faut bien reconnaître que la plupart des DACs ne disposent pas de ce type de connecteur et font usage de RCA en entrée numérique SPDIF. Certes, Bel Canto fournit un adaptateur BNC vers RCA mais, au vu des remarquables qualités de la REF Link, cet adaptateur nous laisse de très légers regrets. A un degré moindre, nous avons le même regret au sujet de la sortie optique qui est au format ST Fiber et pas au format standard Toslink. Il serait pourtant dommage que cette interface soit seulement dédiée aux possesseurs de Bel Canto, car elle peut apporter beaucoup aux plus nombreux, équipés d’entrées RCA ou Toslink.

Grave : Par rapport à notre entrée USB standard, la REF Link nous apporte un grave plus profond, plus étendu vers l’infra-grave et, d’une certaine façon, plus sombre. L’écoute s’en trouve améliorée sur l’ensemble du spectre chaque fois que la piste jouée comporte du vrai grave, celui-ci est délivré avec beaucoup d’énergie et avec une très grande lisibilité. Les grands tuyaux de l’orgue de Saint-Eustache sous les doigts experts de Jean Guillou ont fait vibrer notre auditorium et notre cœur comme rarement.

Médium : Dès les premiers instants, nous avons pris conscience de l’absence de caractère numérique de l’écoute proposée par la REF Link. Jamais aucune agressivité ni aucune dureté ne sont venues nuire à la sensation renouvelée d’écouter une source naturelle et à caractère analogique. Le meilleur des mondes, car avoir une sensation d’écoute analogique sans les défauts propres aux technologies analogiques, ce n’est que pur bonheur. Les timbres sont très beaux, finement variés, les voix sont présentes et souvent charnelles, les instruments sonnent juste et il n’y a jamais de cacophonie ni de flou artistique, en tout cas sur les bons enregistrements.

Aigu : Comme pour le grave, la bande passante en haut est étendue et ne sera limitée que par nos capacités auditives. Mais plus que le fait d’atteindre des sommets en fréquence, ce qui nous a plu est la qualité de cet aigu qui, comme le médium, n’est jamais crispant, jamais fatigant, mais au contraire magnifique de richesse et de subtilité. Les cymbales, le clavecin, les voix de soprano ou de haute-contre sont autant de prétextes à se délecter d’un aigu tout en finesse et en naturel.

Dynamique : La dynamique que permet cette interface semble être en relation directe avec le signal d’origine et ne dépendre que de la qualité de l’enregistrement. Les pistes un peu justes à cet égard le restent, et celles qui ont bénéficié d’un traitement sans massacre par des limiteurs ou compresseurs de tout poil délivrent une musique libérée de toute contrainte où la dynamique est parfaite. Ce qui semble un bénéfice évident de cette interface et de ses qualités propres, c’est un silence en progrès avec pour corollaire une sensation de plus grande profondeur et une plus grande vivacité. La REF Link insuffle de la vie dans la musique qui semble plus live avec que sans.

Attaque de note : Ce point en particulier est en nette amélioration avec l’interface Bel Canto par rapport à notre interface standard. Les attaques sont plus franches, plus vives, plus incisives. Dans le même temps, les extinctions de notes semblent plus longues, sans doute grâce à l’amélioration du silence et de la propreté générale. Subjectivement, nous avons l’impression que l’écoute est dépolluée : il est probable que la REF Link est plus à même de s’affranchir des pollutions électriques et magnétiques issues de l’ordinateur que ne l’est une interface standard. Son double isolement galvanique ne doit pas y être étranger.

Scène sonore : A nouveau, nette amélioration avec une scène sonore plus ample, plus étagée avec davantage de plans en profondeur et aussi plus précise. Sur les bonnes prises de son, toute confusion disparaît, le groupe laissant la place à chacune des personnalités qui le compose. Cela est évident à l’écoute des persuasions sur l’album Live at McCabe’s Guitar Shop où chaque chanteur est à la fois intégré musicalement à l’ensemble vocal et identifiable individuellement.

Transparence : La transparence est aussi en progrès, en fait nous avons considérablement gagné en sérénité et en fluidité. Subjectivement, nous avons ressenti une écoute étonnamment plus claire et plus sombre à la fois, disons plus riche et plus contrastée. Plus lumineuse et claire dans le médium, le haut médium et l’aigu, et plus sombre dans le bas médium et le grave, sans doute plus proche du vrai, car à l’évidence nettement plus agréable et musicale.

Rapport qualité/prix : La qualité audio de l’interface Bel Canto REF Link est indéniable, sa présentation est traditionnelle chez Bel Canto, elle garde un format contenu et une sobriété de bon aloi. La fabrication est parfaitement maîtrisée et l’ensemble est parfaitement robuste, apte à défier le temps. Selon nos critères, le rapport qualité/prix est très favorable du fait de la musicalité extrême de cette interface USB.

Verdict

Incontournable pour ceux qui n’ont pas d’entrée USB sur leur DAC et qui souhaitent accorder à cette interface entre le DAC et le PC toute l’importance qu’elle mérite, la REF Link de Bel Canto s’adresse aussi à ceux d’entre nous qui souhaitent faire progresser la musicalité de leur DAC. Le remplacement de l’interface USB de base présente dans de nombreux DACs par la REF Link pourra considérablement améliorer l’écoute car, sans conteste, la REF Link de Bel Canto est extrêmement aboutie et peut faire sensiblement progresser le DAC en aval.

Fiche technique

Origine : Etats-Unis
Prix : 1 590 euros
Dimensions : 21,6 x 7,6 x 30,5 cm
Poids : 5 kg
Entrées numériques :
USB jusqu’à 24 bits/192 kHz
Sorties numériques :
AES/EBU en 24 bits/192 kHz
Coaxiale S-PDIF sur BNC
en 24 bits/192 kHz
Fibre optique en 24 bits/192 kHz

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