Fabrication et écoute
Construction : Le boîtier du M2Tech fait largement appel à l’aluminium pour son habillage extérieur. Sa structure interne est en tôle pliée et le câblage interne, limité au minimum, est parfaitement agencé. Les assemblages sont bien ajustés ; en résumé, la construction de ce DAC préamplificateur est saine et bien pensée. Si nous osions une petite remarque, elle concernerait le parti pris de la tôle perforée devant l’afficheur qui, bien que très lisible de loin, gêne la lecture de celui-ci de près.
Composants : Les cartes électroniques M2Tech ont toutes un petit air de famille, les composants y sont alignés comme à la parade, comme par exemple les capacités polypropylène d’origine Wima, rien ne dépasse, tout est sérieux et très abouti. Chaque élément est de qualité, comme en atteste le souci apporté à la lutte contre la gigue (jitter). Le Vaughan utilise deux TCXO (oscillateurs à quartz compensés en température) de haute qualité et de très haute précision. Pour exploiter pleinement leur potentiel, ils sont alimentés par un régulateur ultra-faible bruit dédié afin d’éviter l’injection de gigue par le bruit d’alimentation.
Grave : L’album Dadawa offre des basses fréquences très énergiques issues de la frappe des grands tambours comme sur la piste « Sister Drum ». Le M2Tech restitue les impacts instantanément et sans retenue. Il assume avec conviction et définition les nappes ultra-graves très profondes présentes tout au long du morceau. L’alimentation sur batterie n’est pas prise en défaut et l’énergie délivrée par le Vaughan dans le grave semble illimitée.
Médium : Sur l’album précédent, Dadawa, la voix de la chanteuse chinoise était très charnelle, celle de Diana Baroni dans « Tonada el Diamante » de l’album Sapukai donne une idée assez juste des qualités des timbres produits par le M2Tech. Nous avons là une écoute très très haut de gamme, sur la même piste, lorsque Rafael Guel souffle dans sa flûte polycalames zampoña, l’on entend parfaitement l’air passer dans les tuyaux alors que la musique issue de sa flûte de Pan nous envahit.
Aigu : Nous ne saurons dire si cela vient de la propreté de l’alimentation sur batterie ou si c’est le suréchantillonnage à très haute fréquence qui en est la cause, mais les aigus restitués par le Vaughan sont fantastiques. Ils sont fantastiques de naturel et de plénitude. Le violon de Fabio Blondi dans la Cantate italienne et sonate de Vivaldi monte en fréquence avec naturel et beauté. Encore plus haut, le clavecin joue sans aucun stress, sans aucune sensation numérique. Aucune fatigue auditive ne vient ternir notre plaisir et nous prolongeons nos écoutes en passant de la lecture de CD basse résolution via l’entrée AES.EBU aux fichiers haute résolution lus sur notre ordinateur portable jusqu’à 384 kHz avec le même bonheur.
Image et scène sonore : La télécommande du Vaughan comporte un bouton phase qui permet d’inverser celle-ci afin de pouvoir retrouver la phase d’origine avec certains enregistrements heureusement rares qui ont été réalisés en phase inversée. Si, par mégarde, la phase est inversée alors qu’elle ne devrait pas l’être, le résultat d’écoute s’en trouve sensiblement dégradé. La scène sonore, dans ce cas, perd ses superbes qualités et il faudra être attentif sur ce point. En utilisation normale, la scène sonore est précise, selon les prises de son, le plus souvent les enceintes s’effacent et les interprètes sont simplement en situation devant nous, parfaitement à leur place. La spatialisation issue de l’enregistrement varie selon la position et le nombre de micros et l’on perçoit très bien l’acoustique des lieux chaque fois que l’enregistrement est à la hauteur. L’image proposée par le Vaughan n’est pas stéréotypée, elle est précise et pour tout dire nous semble juste.
Dynamique : Un des gros plus de ce DAC, comparativement à d’autres, réside dans sa fonction préamplificateur ; à ce titre, nous avons procédé à toutes nos écoutes en utilisant le réglage de volume intégré. Comme nous l’avons évoqué au sujet des basses fréquences, jamais le M2Tech n’a manqué de dynamique. Il est équilibré et ne tombe pas dans la caricature, il nous a laissé à entendre de la musique avec toutes ses plus subtiles inflexions comme ses plus impressionnants déferlements. L’excellent rapport signal sur bruit est sans doute partie prenante dans ce résultat enviable.
Attaque de note : Nous craignions que l’étage contrôle de volume puisse réduire le mordant de l’écoute et aboutir à une sorte de lissage, en particulier sur les attaques de notes. Il n’en est rien, les guitares acoustiques de Paco de Lucia, John McLaughlin et Al di Meola du célèbre guitare trio ont mis en évidence les qualités de réponse transitoires du Vaughan. Ici, le DAC Italien nous gratifie de guitares vivantes, de tonalités riches, l’attaque des notes au pincement de la corde comme leur extinction sont libres d’entraves et donnent le sentiment du live.
Transparence : Avec ce qui précède, il aurait été surprenant que la transparence soit en retrait : elle ne l’est pas. Le Vaughan délivre une écoute à caractère analogique et aucun flou, aucun voile ne s’interposent entre la musique et l’auditeur. Sur « Una furtiva lagrima », la voix de la chanteuse Izzy est très nuancée, posée, l’écoute est claire et vraiment équilibrée. Le grain de la voix est très plaisant et fluide sans jamais devenir agressif. L’on entend tout sans effet de loupe, plus nous écoutons plus nous avons envie d’écouter.
Rapport qualité/prix : Riche de ses entrées nombreuses et de son contrôle de volume, ce M2Tech Vaughan est très bien placé. Très performant pour son prix en tant que DAC seul, le Vaughan est une aubaine pour tous ceux qui n’ont pas déjà investi dans un préamplificateur de haute volée. Au plus haut niveau, il ouvre en grand les voies de la musique dématérialisée en très haute résolution. Comme chaque détail compte, M2Tech n’a pas oublié de le doter d’une excellente prise casque pour les solitaires nocturnes.